Conférence TAFTA

Article de Ouest-France du 10 mars 2015

Article de Ouest-France du 10 mars 2015

Compte-rendu de la conférence TAFTA

Le collectif STOP TAFTA d’Avranches, que Manche-Nature a rejoint, organisait, jeudi 5 mars 2015 salle Victor Hugo, une réunion publique d’information sur le TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agrément, soit en français traité transatlantique de libre échange).

L’une des animatrices présenta la soirée, le collectif, les structures membres parmi lesquelles Manche-Nature, la Confédération Paysanne de la Manche, Le Groupement des Agriculteurs Biologiques de la Manche, etc. ainsi que les conférenciers de la soirée à savoir :
Frédéric Viale, juriste d’ATTAC, et François Dufour, conseiller régional, vice-président à l’agriculture au Conseil Régional et elle remercia de leur présence les 300 personnes qui avaient fait le déplacement.
Peu d’élus étaient là excepté le maire d’Avranches.
Frédéric Viale commença par une présentation historique des traités antérieurs, du TAFTA, du CETA, du TTIP, de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International, et des dangers que ces traités peuvent représenter, s’ils sont validés, pour le commerce des pays européens, mais aussi pour l’organisation des États, et surtout pour les libertés individuelles et collectives des citoyens européens.

Commençons par le CETA (Accord économique et commercial global) signé entre l’Union Européenne et le Canada en septembre 2014, bien que largement contesté par le parlement européen, il réglemente les échanges commerciaux entre l’UE et le Canada, en libéralisant lesdits échanges au profit principalement des multinationales, déjà fortes et trop puissantes au sein de l’UE et de ses structures.

Quant au TAFTA, les instigateurs ont voulu tenir secrètes les négociations et le contenu mais ils ont dû, en fin de compte, sous la pression des citoyens européens qui ont saisi la Cour de Justice de l’Union Européenne, laisser passer et se diffuser les informations.

Ce projet inique menace notamment :

  • Notre sécurité alimentaire alors que les normes européennes et nationales sont plus importantes que celles des États-Unis (pesticides, OGM, contamination bactérienne, additifs toxiques, hormones, chlore) en nous resservant le bœuf aux hormones auquel la France s’oppose depuis 1978 ou encore le poulet chloré.
  • L’emploi en accentuant les délocalisations, en réduisant les inspections du Travail, en rendant illégal le Code du Travail et en privatisant Pôle Emploi.
  • La santé en déréglementant la distribution des médicaments, en privatisant les services hospitaliers, en démantelant les régimes de retraites par répartition au profit des assurances privées ou fonds de pensions.
  • L’eau et l’énergie (fossiles, nucléaires, renouvelables, etc.) tous ces biens, « communs » pour l’eau, pourraient être privatisés et toute municipalité s’y opposant se verrait accusée d’entrave à la liberté du commerce.

Il faut aussi ajouter les libertés, la vie privée des citoyens, les services publics, la culture, l’enseignement, toujours au nom de l’atteinte à la liberté du commerce en extrapolant la notion de concurrence déloyale, en s’opposant aux barrières commerciales illégales.

François Dufour a précisé la présentation en mettant l’accent sur l’agriculture et ses conséquences tant pour les agriculteurs notamment bio, mais aussi pour les consommateurs que nous sommes en nous forçant à manger ce que nous refusons dans les champs et les assiettes, à savoir les OGM, le bœuf aux hormones, le poulet chloré, tout en rappelant que le repas emblématique de midi, le casse-croûte jambon beurre, revient en force et en qualité.
Le débat s’est ensuite engagé avec beaucoup de questions sur les sujets agricoles et alimentaires mais aussi sur l’Europe et sa capacité de réaction.

Souvent, malgré la justesse des questions, les réponses de F. Viale sur l’Europe furent quelque peu confuses.
Toutefois, in fine, les participants dans la salle rappelèrent qu’ils voulaient bien de l’Europe, mais pas d’une Europe libérale couchée devant les multinationales et les États-Unis ou la Chine, mais au contraire d’une Europe sociale, environnementale, solidaire, une Europe des PEUPLES, en sauvegardant et développant la souveraineté alimentaire des États membres.
Ces précisions de la salle furent de bon aloi et réconfortantes afin de ne pas tomber dans le travers des discours populistes à savoir zéro Europe, zéro Euro, rétablissement des frontières !

Pour nous environnementalistes et naturalistes, le danger est important toujours au nom de cette « concurrence déloyale » d’augmenter la réduction des terres agricoles, de les charger d’intrants et de pesticides, d’OGM, de voir bétonner le littoral, détruire les zones humides, la nature, du fait de la marchandisation de tout et du reste.
L’accent fut mis par la salle sur les moyens d’action à tous les niveaux pour s’opposer à ce traité inique et pernicieux, tant personnellement qu’en interpellant les élus, tous les élus, de la commune à l’État.
C’est un des aspects positifs de cette soirée fort intéressante.

Joël Bellenfant

Plus d’informations sur le site StopTafta

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