Cette année Manche-Nature et l’association Alerte des Médecins sur les Pesticides ont lancé une nouvelle campagne d’information et d’incitation pour supprimer l’utilisation des pesticides à l’attention de toutes les communautés de communes et communes de la Manche au moyen de la lettre ci-contre (cliquer sur l’image). Voir le site Alerte des Médecins sur les Pesticides.
A ce courrier, la lettre ouverte suivante était annexée :
Lettre Ouverte « Non aux Pesticides »
Objet : demande d’arrêt complet de l’utilisation des pesticides dans les communes de Basse-Normandie
Citoyens, afin de protéger notre santé, celle de nos enfants et nos ressources naturelles, nous demandons que les communes et communautés de communes s’engagent dès maintenant dans un arrêt complet des pesticides. La nouvelle loi « Labbe » 2014-110 du 6 février 2014, parue le 8/2/2014 au Journal Officiel, a annoncé, au vu de la toxicité de ces produits pour les humains et les ressources naturelles, l’interdiction totale d’utilisation des pesticides par les collectivités, d’ici 2020. L’interdiction des pesticides et le développement des alternatives devient donc une réalité juridique.L’évolution des connaissances scientifiques
Depuis plus de dix ans, les paradigmes en toxicologie ont changé. En effet, on sait maintenant que la dose ne fait plus uniquement le poison, c’est-à-dire que des cocktails de doses infimes de produits chimiques peuvent induire de graves pathologies comme des allergies, des cancers, des pathologies cardio-vasculaires ou des maladies endocriniennes (thyroïde) ou auto-immunes (polyarthrite notamment). La problématique principale est l’accumulation et le cocktail de ces produits et adjuvants utilisés. Certains produits chimiques comme les pesticides sont des perturbateurs endocriniens toxiques pour les femmes enceintes, le fœtus qu’elles portent et les enfants en cours de croissance. Ces perturbateurs endocriniens sont des molécules chimiques ou naturelles capables de mimer le système hormonal chez l’homme, les animaux.
Ceci a conduit 1 500 médecins dont 97 bas-normands à s’engager pour alerter les pouvoirs publics de l’impact de ces produits sur la santé suite à des constatations scientifiques de l’INSERM publiées en juin 2013 sur les riverains des zones pulvérisées (1)Le coût de cette pollution est très important
La société savante américaine d’endocrinologie a publié, le 5 mars 2015, un article qui évalue, en Europe, à plus de 157 milliards d’euros le coût de la part des maladies induites [obésité, diabète, troubles endocriniens, de la fertilité et neuro-comportementaux (alzheimer, autisme)] par ces produits soit 1.23% du PIB de l’Union Européenne (2)
Usagers de l’eau, nous serons tous contents de réduire notre facture d’eau dont la filtration par charbon actif coûte très cher à notre société d’autant que le principe de pollueur-payeur de la loi européenne Cadre sur l’Eau n’est pas respecté.La situation locale
Comme exemple, les eaux de la baie du Mont-St-Michel ou de la baie des Veys sont malheureusement altérées par une molécule chimique, l’octylphenol, retrouvé dans les pesticides, les caoutchoucs, etc., perturbateur endocrinien de la famille des alkyphénols, favorisant entre autres l’eutrophisation et donc la prolifération d’algues des milieux marins. Cette molécule entraîne le déclassement d’une partie des eaux de mer. C’est un réel souci pour la qualité de nos eaux et de nos ressources naturelles (3) De plus, les crevettes et crustacés étant des filtres bioaccumulateurs de l’eau, ces substances (qui agissent à dose infinitésimale notamment sous le seuil toxique reconnu) sont également malheureusement retrouvées dans les crustacés de notre région (4) et les altèrent en réduisant leurs défenses immunitaires vis-à-vis des virus ou bactéries (5) ce qui fragilise l’équilibre de l’écosystème marin.
En 2007, sur l’unité hydrographique « baie du Mont-St-Michel », le coût de la réduction des pollutions diffuses agricoles a été évalué à 48 millions d’euros et celle des pollutions ponctuelles à 22 millions d’euros (6).
De plus, la pollution par les pesticides ou les nitrates est responsable d’un quart des fermetures de captages en eaux dans la région Basse-Normandie (7) ce qui représente un coût non négligeable alors qu’il suffirait de travailler sur la dépollution et la prévention des pollutions des aires entourant ces captages.Que faire ? Les réponses possibles
Suivant les recommandations de la Conférence des Nations Unies de Rio en 1992 et de Johannesburg en 2002, du Conseil régional de Basse-Normandie et du Conseil départemental de la manche (8), certaines municipalités (comme Granville, Coudeville-sur-Mer et St-Planchers) ont commencé à s’engager pour l’avenir, par l’intermédiaire de l’agenda 21 et à participer à la solidarité planétaire en élaborant un programme d’actions. Les communes de Jullouville, Carolles, Avranches et la Lucerne-d’Outremer, Le Chefresne, Pontorson, St-James, etc. sont déjà classées en « zéro-phyto ». La FREDON avec la chartre d’entretien des espaces publics peut continuer à aider la commune dans cette mutation complète (9). De plus, l’agence de l’eau du bassin Eau-Seine-Normandie peut vous aider financièrement dans cette mutation (http://www.eau-seine-normandie.fr/index.php?id=7691#c31629). Certaines communes, en avance sur la loi en vigueur au 01/01/2022 qui interdit ces produits pour les particuliers, ont même produit des arrêtés interdisant l’épandage de ces produits aux particuliers dès à présent.
Les avantages liés à l’action
Outre les nombreux avantages pour la santé de nos concitoyens, ces actions ont d’autres avantages en particuliers financiers et en termes d’économie locale :
Les communes sans pesticides sont valorisées par une qualité d’air moins polluée, des ressources naturelles meilleures (dont l’eau et les crustacés) d’autant que la filtration des eaux usées communales n’est pas toujours réalisée. C’est une qualité appréciée par certains touristes qui recherchent un tourisme vert, avec des eaux de baignade saines, loin des pollutions urbaines et qui permet de valoriser grandement les communes et même les intercommunalités.Comme plus de 40% d’autres communes françaises zéro-phyto aujourd’hui, nous vous invitons, en fonction de vos décisions, à participer au recensement de l’action plébiscitée par le ministère de l’écologie le 22 mai 2014, « terre saine, villes et villages sans pesticides » (10). Grâce à vos réponses, vous apparaîtrez sur la carte de France des « villes et villages sans pesticides » où chaque commune est représentée par la couleur de son engagement (un dégradé de vert).
Nous vous renouvelons donc notre demande d’arrêt complet de l’utilisation des pesticides dans les espaces publics qui sera de plus élargie aux particuliers en 2022, d’après la loi Labbé.
Nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de nos salutations distinguées.
L’association Manche-Nature L’association Alerte des Médecins sur Les Pesticides,
(1) http://www.alerte-medecins-pesticides.fr/
(2) http://press.endocrine.org/doi/10.1210/jc.2014-4324
(3) http://www.intersage-baiedumont.fr/qualite-des-eaux/ et http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Dossier_partage/INSTITUTIONNEL/CONSULTATION/CONSULTATION_DEC2014/doc_accompagnement_SDAGE.pdf
(4) http://www.eau-seine-normandie.fr/index.php?id=6428
(5) http://biologie.polytechnice.fr/jahia/webdav/site/biologie/shared/document_public/PolyToxNice11/PolyToxNice_24.pdf
(6) http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Politique_de_leau/SDAGE_ADOPTE/PDM_201004/bassins/bocages-normands/PDM-saint-michel.pdf
(7) http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/bil0212.pdf
(8) http://planete.manche.fr/0-phyto-espaces-publics-et-jardins.asp
(9) http://fredonbassenormandie.fr/promotion_des_methodes_alternatives_aux_luttes_chimiques.html
(10) http://www.villes-et-villages-sans-pesticides.fr/recensement/
Y-a-t-il redondance à communiquer sur ce sujet chaque année ?
Certes non, car si la prise de conscience est plus grande, les pratiques n ‘évoluent que très lentement. Consultez la carte des villes et villages sans pesticides pour avoir une idée des actions entreprises dans le département et en France.
L’objectif de cette campagne de courriers à l’attention des collectivités locales est de leur permettre d’anticiper la date du 1er janvier 2020 prévue dans la loi « Labbé » et d’inciter les citoyens de leur commune à ne plus utiliser de pesticides pour leur propriété ou le bord de celle-ci en limite de la voie publique.
Il n’en demeure pas moins que les plus gros utilisateurs de pesticides restent les agriculteurs qui sont incités par différentes mesures à en réduire l’utilisation.
Il est regrettable aussi de constater que sont pour l’instant exemptés de cette démarche les voies ferrées, les pistes d’aéroports, les autoroutes !
Il est certain que le rôle de chacun est important vis-à-vis des agriculteurs compte tenu des risques qu’ils font courir pour la santé humaine (la leur en premier) et animale, mais aussi l’ensemble de la biodiversité.
Actuellement sont répertoriées :
- Zéro pesticides, les communes de La Mouche, La Lucerne-d’Outremer, Vindefontaine, Ste-Suzanne-sur-Vire, Pontorson, St-Georges-de-Reintembault, Louvigné-du-Désert et Poilley ;
- Zéro pesticide, sauf espaces contraints (terrain de sport, cimetière…) : Le Chefresne, Parigny, Le Rozel, Le Ham, Cherbourg-Octeville ;
- Réduction engagée : St-Planchers, Hardinvast et Saint-Martin-d’Aubigny.
Plusieurs communes ont entamée une démarche de réduction des pesticides (souvent avec le FREDON) : Avranches, Carolles, Jullouville et Tessy-sur-Vire (Le maire de cette commune vient de nous répondre et propose de nous accueillir pour une réunion d’information).
Certains pesticides sont des perturbateurs endocriniens (Voir l’article sur la conférence d’Avranches) dont les interactions sont largement et précisément commentées dans l’ouvrage de Marine Jobert et François Veillerette « Perturbateurs endocriniens, la menace invisible » paru chez Buchet-Chastel, accessible et compréhensible par tout un chacun.
A titre individuel, nous vous invitons à signer la pétition soutenue par plusieurs associations nationales (FNH, Générations Futures, Humanité et Biodiversité, LPO, AMLP, UNAF, FNE…) demandant un moratoire sur les pesticides néonicotinoïdes. Vous la trouverez sur le site de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme.
Parallèlement, l’association Cyberacteurs propose une mobilisation générale pour sauver les abeilles et un Appel à la vigilance.
Plus d’information sur les liens suivants :
http://reseau-environnement-sante.fr/
www.agirpourlenvironnement.org
bretagne-environnement.org
www.generations-futures.fr
www.cyberacteurs.org
www.pesticides-non-merci.com
www.villes-et-villages-sans-pesticides.fr/