Projet de parc éolien de Ger et Saint-Georges-de-Rouelley

Projet de parc éolien de Ger
et Saint-Georges-de-Rouelley :
Coup d’arrêt
pour des raisons environnementales !

Chez les chauves-souris, mammifères volants insectivores, la majorité des espèces est très menacée (Photos Manche-Nature)

Par un jugement récent du 18 octobre 2018, le Tribunal administratif de Caen, sur requête conjointe des associations d’étude et de protection de la nature CREPAN, GRAPE, GONm, GMN et Manche-Nature, a annulé l’arrêté préfectoral du 13 mai 2016 autorisant l’exploitation d’un parc éolien sur les communes de Ger et Saint-Georges-de-Rouelley, pour des motifs de préservation de la biodiversité.

Contrairement aux allégations de la société Vents d’Oc, ces associations ne sont pas opposées à l’éolien, loin de là ! Elles ont toujours privilégié le dialogue et l’accompagnement des porteurs de projet afin de concilier la production d’énergies renouvelables avec la préservation de la faune et de la flore. Dans le cas présent, elles mettent en cause l’implantation d’éoliennes dans un milieu peu ordinaire pour un parc éolien : un massif forestier, dont les différents habitats présentent un intérêt exceptionnel pour les chiroptères (chauves-souris), espèces protégées depuis 1976. La mortalité de ces espèces par collision avec les pales et par barotraumatisme est reconnue par les experts en la matière. Ce projet de parc éolien aura nécessairement un impact sur les populations locales de chauves-souris mais également sur les espèces migratrices. Au regard de la longue liste des menaces pesant déjà sur les chiroptères, il apparaît absurde de cautionner une source supplémentaire de destruction de ces espèces fragiles, la destruction de la biodiversité n’étant pas compensable. Les associations requérantes rappellent que tout projet de production d’énergie doit préserver la biodiversité du site prévu pour son implantation. Le jugement leur donne raison.

Après avoir relevé l’intérêt écologique particulier du site pour les chiroptères, le Tribunal constate que l’étude d’impact, réalisée sous la responsabilité du porteur de projet, sous-estime clairement l’activité de ces espèces, et en conséquence, les incidences du projet sur ces mammifères : « les éléments analysés par l’étude d’impact ne permettent pas de retranscrire une image fidèle d’une activité des chiroptères représentative de la période de référence ».

Il s’appuie notamment sur les avis rendus par le Président du Parc Naturel Régional Normandie-Maine, l’Autorité environnementale et le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de l’ex Basse-Normandie (composé d’experts scientifiques nommés par le Préfet), qui constataient l’insuffisance de l’étude d’impact sur ce volet.

La société Vents d’Oc prétend également avoir pris en compte les chauves-souris en proposant la mise en place de mesures drastiques. Il n’en est rien ! Les mesures annoncées sont d’ordinaires mises en place pour des éoliennes implantées en milieu ouvert (prairie, champ, etc.) où la fréquentation de ces milieux, moins favorables aux chauves-souris, présentent déjà des risques de mortalité. Ne pas implanter d’éoliennes en milieux forestiers est la seule mesure pertinente pour préserver la biodiversité dont les chauves-souris, ce qui est reconnu par toute la communauté scientifique européenne*. Ainsi, malgré les recommandations européennes et les alertes émises dès 2011 par le Groupe Mammalogique Normand, la société Vents d’Oc a choisi délibérément un projet fortement impactant pour les chauves-souris avec l’implantation de ces éoliennes dans la forêt de la Lande Pourrie.

Les associations se félicitent donc du jugement rendu, non pas parce qu’il s’oppose par principe au développement éolien sur le territoire normand, mais parce qu’il met en lumière un projet mal ficelé faisant fi du contexte naturel.

* Référence (en français) :

Rodrigues, L., L. Bach, M.-J. Dubourg-Savage, B. Karapandža, D. Kovac, T. Kervyn, J. Dekker, A. Kepel, P. Bach, J. Collins, C. Harbusch, K. Park, B. Micevski, J. Minder-mann (2015). Lignes directrices pour la prise en compte des chauves-souris dans les projets éoliens. Actualisation 2014. EUROBATS Publication Series N° 6 (version française). UNEP/EUROBATS Secrétariat, Bonn, Allemagne. (p12). Lien vers le fichier.

 

Share Button
Lien pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés