Un environnement considéré
comme sans intérêt par le Préfet !
Un méthaniseur est en projet depuis quelques années sur la commune de Pirou. Il traitera plus de 80 tonnes de déchets agricoles par jour. Ce tonnage est en dessous du seuil de 100 tonnes à partir duquel cette activité est soumise à la procédure d’autorisation. Un simple enregistrement suffit.
Le régime d’enregistrement est plus léger. Exit la procédure d’évaluation environnementale. Pas d’étude d’impact, pas d’enquête publique !
Ce n’est qu’une fois implanté que les porteurs de projet déposent un dossier de demande d’autorisation d’exploiter.
Mais voilà, il sera difficile de refuser un projet qui produira quantité de digestat épandu dans l’environnement, puisque l’installation est là ! Certes, il se pourrait que les autorités disent que ce n’est pas le bon endroit, mais c’est fait ! Et les bâtiments ? Déjà dimensionnés pour recevoir cette extension.
Certes, les textes permettent au préfet de faire basculer le projet soumis à enregistrement à la procédure d’autorisation si « la sensibilité environnementale du milieu le justifie ». Pas d’illusion, ça n’arrive pas souvent.
Mais, pour le projet de Pirou, le préfet a considéré que la sensibilité environnementale du milieu ne justifiait pas la réalisation d’une étude d’impact !
Pourtant, la commune de Pirou est une des plus riches du département en termes de biodiversité. De ce fait, elle fait l’objet de nombreux inventaires scientifiques reconnaissant cet intérêt écologique particulier. Fort d’un milieu diversifié, particulièrement humide, avec un réseau hydrographique en interaction et connecté aux eaux littorales, dont la qualité doit rester irréprochable pour éviter des conséquences dramatiques pour l’environnement, le tourisme et la pêche.
Le projet comprenant l’unité de méthanisation (les bâtiments) et le plan d’épandage se situe au cœur de cet environnement. Les parcelles, où les digestats seront rejetés, parcourent les prairies humides, les cours d’eau, les fossés… inventoriés en ZNIEFF, en Natura 2000…
Mais voilà, pour le préfet, ce milieu ne justifie pas qu’une analyse précise des impacts soit réalisée et que l’on s’interroge sur ce type d’activité dans un tel environnement. Il se contente de renvoyer aux prescriptions générales relatives à ce type d’installation, sans mesures spécifiques concernant ce milieu humide particulier aux multiples enjeux. Ne nous interrogeons plus sur les problèmes de qualité des eaux souterraines, superficielles et littorales. Faisons comme lui, fermons les yeux. Ne travaillons plus sur les causes. Traitons les conséquences. À moins que… nous nous sentions tous vraiment concernés…
Manche-Nature ne baisse pas les bras. Elle a déposé un recours devant le juge administratif pour dénoncer ce projet et le dévoiement de la méthanisation.