Loi DUPLOMB : Touts et toutes concerné-es : Nos réactions !!

Un dépôt de fumier devant les locaux de l’OFB à Coutances, le 26 novembre 2024. | OUEST-FRANCE

Vous trouverez :

. Un article de Ouest France qui fait la part belle aux seuls syndicats agricoles.

. Notre réaction auprès des rédactions locales.

. Notre communiqué pour dire haut et clair que la gestion des espaces ruraux est l’affaire de tous.


Loi Duplomb : le débat ne peut rester à sens unique

À la suite de l’article paru dans Ouest-France le 25 juillet 2025, nous, organisations de défense de l’environnement et citoyens engagés, tenons à faire entendre une voix absente de ce dossier : celle des associations, des collectifs, des scientifiques, des simples habitants attachés à leur territoire.

Nous regrettons profondément que cet article ne donne la parole qu’aux représentants syndicaux du monde agricole, sans mentionner d’autres points de vue, ni même signaler qu’un second volet donnerait place au débat. Sur un sujet aussi sensible, qui touche à la fois à la santé publique, à l’environnement, à la démocratie locale et à l’avenir de la ruralité, le pluralisme des regards n’est pas un luxe : c’est une exigence.

Les organisations syndicales agricoles mentionnées dans cet article ne représentent qu’une partie du monde agricole. Ainsi aux dernières élections de la Chambre(s) d’agriculture de la Manche, les syndicats (majoritaires) FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Coordination Rurale n’ont recueilli ensemble que 29 % des suffrages des exploitants. Faut-il rappeler que plus des deux tiers de ces derniers ne se rendent même plus aux urnes, tant le fossé s’est creusé entre l’agriculture de terrain et ses instances représentatives ?

Nous tenons également à rappeler que la loi Duplomb soulève de graves inquiétudes :

  • Elle permet, sous conditions mais de manière inédite, la réintroduction de pesticides reconnus toxiques (comme l’acétamipride) ;
  • Elle facilite les projets de rétention d’eau d’envergure, sans oser employer le mot « méga-bassine » pourtant au cœur des contentieux et débats publics ;
  • Elle place les missions de l’Office français de la biodiversité sous autorité préfectorale, amoindrissant encore son indépendance ;
  • Elle réduit les exigences de transparence pour les projets d’élevages soumis à autorisation environnementale.

Ces mesures sont portées au nom d’un « bon sens agricole », mais elles ne reflètent en rien une transition écologique adaptée à l’urgence climatique, ni aux attentes des citoyens, ni aux besoins des territoires. Elles répondent, bien souvent, à des filières agricoles industrielles : betteravière, noisettes d’exportation, élevages concentrés, filières à faible valeur sociale et forte pression environnementale.

Nous sommes loin de la vocation nourricière de l’agriculture mais plutôt vers une accentuation des productions vers l’industrie de transformation dont les effets désastreux pour la santé publique sont dénoncés depuis longtemps par les chercheurs à travers notamment le Nutri-score.

Le lien est clair : l’eau, bien commun, est accaparée pour irriguer des monocultures, pendant que la biodiversité s’effondre, les sols s’appauvrissent, et les littoraux subissent les excès d’azote et de pesticides.

Dans ce contexte, il est indispensable que les médias offrent un véritable espace de débat. L’article paru ne le permet pas, et contribue à installer une représentation erronée du consensus autour de cette loi.

Nous demandons qu’une parole associative et citoyenne puisse également être relayée, dans le respect du pluralisme et de l’intérêt général. La nature, les campagnes, les rivières, les haies, les sols, l’eau ne sont pas la propriété d’un secteur, fût-il agricole : ils sont des biens communs.

Dans un moment de tension démocratique et écologique, il ne peut y avoir de débat réel sans contradictoire. Le monde rural est riche de sa diversité, de ses habitants, de ses initiatives, de ses résistances aussi. Ne pas le refléter, c’est l’appauvrir.

Parce que la nature, la santé et l’environnement ne sont pas la propriété d’un syndicat ni d’un gouvernement. Parce que la ruralité, ce n’est pas l’agribusiness. Parce que nous existons. Et que nous parlons. Nous restons disponibles pour tout échange ou éclairage sur nos positions.

Le bureau de Manche-Nature.

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