Cette lettre ouverte au Préfet relaye localement la demande du Collectif Air-Santé-Climat qui interpelle l’État sur « la nécessité de limiter drastiquement les épandages agricoles, afin de tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du coronavirus ».
Ce collectif, composé de médecins, de chercheurs, d’associations spécialistes de la pollution atmosphérique et du changement climatique, en a fait la demande dans un courrier adressé, le 21 mars, à l’ensemble des préfets, pour préserver la qualité de l’air en France.
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Coronavirus :
les épandages agricoles, un « facteur aggravant »
Monsieur le Préfet, écoutez les scientifiques !
Il y a une dizaine de jours « les coquelicots de Coutances » vous adressaient une demande de moratoire des épandages de pesticides. Le collectif pointait les effets particulièrement délétères de ces pratiques agricoles sur le système immunitaire. Ce qui est contre-productif en période d’épidémie. Ces épandages sont, aussi, susceptibles d’accroître les risques de comorbidité pour les malades chroniques (asthme, cancer…) déjà particulièrement exposés au coronavirus.
Le 21 mars 2020, le collectif « Air-Santé-Climat » composé de médecins, de chercheurs, d’associations spécialistes de la pollution atmosphérique et du changement climatique interpellait l’État sur « la nécessité de limiter drastiquement les épandages agricoles afin de tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du virus », en adressant un courrier à l’ensemble des Préfets.
Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm, et également membre du Collectif Air-Santé-Climat détaille les effets des particules fines sur l’organisme dans son entretien avec la journaliste Pauline Ducamp : « Un premier mécanisme est bien connu, dit-elle, c’est que la pollution abîme les muqueuses des voies aériennes. Abîmées, elles sont moins robustes et laissent pénétrer le virus. Mais le virus pourrait se retrouver aussi dans la pollution de l’air, mélangé aux particules de petite taille. La pollution est donc un co-facteur à minima. »
Même si le principal risque de contamination reste, en l’état actuel des recherches, les gouttelettes, Isabella Annesi-Maesano en appelle avec le collectif « Air-Santé-Climat » au principe de précaution qui est inscrit dans la Constitution française pour limiter drastiquement les émissions de particules fines liées aux épandages agricoles (restriction, technique d’enfouissement de l’engrais dans le sol) afin de tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du virus.
Thomas Bourdrel, à l’origine du Collectif et radiologue à Strasbourg, poursuit « Si on ne limite pas rapidement les épandages, cela risque d’annihiler l’effet des mesures de confinement qui ont permis de réduire la pollution liée au trafic routier et les effets sanitaires associés ».
Dans notre département, il faut ajouter l’épandage des lisiers, fientes, et autres déjections issus des élevages industriels hors sol, qui dégagent une odeur d’ammoniac plus ou moins importante, dont les particules fines se dispersent dans l’air en irritant les voies respiratoires.
Monsieur le préfet, le bocage et son habitat dispersé caractérisaient notre département. Pour industrialiser l’agriculture, les exploitants ont détruit les haies jusqu’au ras des maisons. Aussi, beaucoup d’habitants de la Manche vivent au milieu des épandages agricoles qui ont repris avec le printemps. Nous sommes, aujourd’hui (9 avril), en vigilance orange (indicateur 7 sur une échelle de 10 – ATMO Normandie).
Les enjeux de santé soulevés par les Coquelicots et le Collectif « Air-Santé-Climat » se posent donc avec une acuité particulière dans la Manche.
Nous vous demandons d’écouter les scientifiques et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population de la propagation du virus.
Aussi, il serait nécessaire :
- soit de stopper momentanément les épandages pendant la durée du confinement ;
- soit de renforcer les contrôles, mais nous avons conscience que c’est difficile en période de confinement ;
- soit de renforcer les règles d’épandages, notamment avec l’obligation d’enfouissement immédiat.
Enfin, la vérification des fosses à lisier et leur couverture est essentielle pour éviter odeurs et émanations.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de nos salutations citoyennes.
Le Bureau de Manche Nature