Carottes et pesticides

Carottes de Créances :
Le chantage honteux à l’emploi

Réactions aux propos de Monsieur LEMOIGNE, maire de Créances.

M. Lemoigne, malgré sa passion pour les carottes des sables, démontre avoir une vision très restreinte lorsqu’est en jeu la santé publique. Cela fait plus de 10 ans que L’Union européenne a entendu les instances scientifiques et a, en conséquence, alerté les États sur les risques cancérigènes du dichloropropène, un pesticide utilisé par les producteurs de carottes pour lutter contre le nématode, un petit ver qui adore lui aussi les mêmes carottes cultivées dans le sable.

L’utilisation de ce produit est interdite par l’UE depuis 10 ans pour des raisons sanitaires. Et chaque année le ministère de l’agriculture a octroyé une dérogation aux producteurs de la carotte de Créances, jusqu’en 2018 dans l’attente que les utilisateurs revoient leur mode de production pour ne plus y recourir. Qu’ont-ils fait ? Ont-ils diversifié les espèces cultivées sur ces parcelles ? Ont-ils rendu les rotations plus efficaces en accroissant suffisamment le temps entre deux cultures de carottes ?

Après dix ans de dérogations, il est grand temps d’arrêter l’emploi du dichloropropène !

Apparemment non puisqu’ils relancent, avec le soutien de M. Lemoigne, une campagne de lobbying pour l’année 2019 afin d’obtenir une nouvelle dérogation, sans doute encouragés par les dernières déclarations de Monsieur Macron repoussant encore et encore l’interdiction des pesticides malgré ses premiers engagements.

Que sont ces politiques qui renvoient dos à dos la préservation de l’emploi et la préservation de la santé ? Sont-ils sourds alors que le mouvement populaire des coquelicots crie le refus de l’utilisation des pesticides ? Que plus de deux millions de personnes s’apprêtent à traîner l’État devant les tribunaux pour mise en danger d’autrui ?

M. Lemoigne, président de la communauté de communes Côte Ouest et maire de Créances, annonce à la louche la suppression de 1000 emplois sur son territoire, sans indiquer si ces emplois sont des temps pleins, des temps partiels, des emplois saisonniers.

Quel visionnaire !! Ce n’est pas de nouvelles dérogations pour utiliser ce pesticide cancérigène qui les sauveront, lorsque les consommateurs alertés bouderont les carottes produites dans ces conditions.

D’autant que ces pesticides, et pas seulement le dichloropropène, polluent non seulement les corps, mais également les terres les rendant à terme improductives, et enfin les nappes phréatiques, les eaux de ruissellement …

Quelles conséquences pour la conchyliculture, le tourisme, -et donc pour l’emploi-, les habitant(e)s, les générations futures ? Décidément des grands visionnaires.

Il est temps, grand temps, pour retrouver la confiance sanitaire et préserver l’état de santé de la population, que les producteurs renouent avec des pratiques respectueuses de la biodiversité, que les Chambres d’agriculture, les coopératives agricoles -telles que AGRIAL- (qui font leurs choux gras de la vente des produits phyto « sanitaires ») les accompagnent dans ce tournant, que le Ministère de l’agriculture et la Région réorientent les subventions dans ce sens… de bon sens.

C’est ainsi que les activités agricoles, plutôt que de voir leurs effectifs diminués de décennie en décennie, seront créatrices d’emplois locaux, actifs pour la dynamisation de la ruralité.

Enfin, brandir la concurrence avec des pays producteurs non respectueux des règles sanitaires européennes n’est qu’une malhonnêteté intellectuelle. Lorsque nous serons respectueux de ces directives, nous serons en droit d’interdire l’importation de ces produits délictueux.

Si grand débat il y a, ce sont ces pistes qui devront émerger.

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