Barrages de la Sélune

Ouest-France, 20 janvier 2016

Ouest-France, 20 janvier 2016

Le plan d’effacement des barrages sur la Sélune est-il lancé ?

On pourrait le croire en lisant les articles de presse parus fin janvier :

L’annonce a été faite par le préfet de la Manche, le mardi 19 janvier. Le plan débutera en septembre 2016 par la vidange progressive du barrage de Vezins.

Ce même 19 janvier, le Coderst (Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques) a rendu un avis favorable sur les projets de vidange, de gestion sédimentaire et de démantèlement des barrages de Vezins et La Roche-qui-Boit (retrouvez le PV de cette réunion de janvier 2016 sur notre page spéciale Coderst).

La représentante des associations de protection de la nature à ce conseil départemental nous a fait ce compte-rendu :

Arasement du barrage de Vezins

L’application de la loi sur l’eau et la sécurité imposent la vidange des ouvrages, ce que les services de la préfecture rappellent fortement.
Les travaux sont prévus durer deux ans. Les sédiments seront contenus pour ne pas rééditer l’expérience désastreuse de 1993 qui avait pollué la baie du Mont-Saint-Michel.
Au terme des 2 ans, une période d’observation doit avoir lieu, avec enquête publique. Elle déterminera la poursuite ou non des travaux.
La remise en fonctionnement des barrages n’étant pas totalement impossible, un éventuel repreneur pourrait peut-être remettre les installations en route.
Cette hypothèse n’est pas totalement exclue, malgré ce qu’elle entraîne comme questions non résolues, car cela ne permettrait pas la libre circulation des eaux comme le prévoit la loi et ne favoriserait pas non plus l’évolution des activités touristiques locales.
La pression d’élus du Sud-Manche explique ce choix incomplet.
Les barrages datent de 1919 et 1932, leur production peut être compensée par 6 à 8 éoliennes !
Le coût global prévu est de 38 millions d’euros… dont 20 pour l’État.
Les maîtres d’œuvre sont l’État (DDTM) et EDF.
Nous avions participé à l’enquête publique en octobre dernier et avons souhaité vous donner le résultat du passage en Coderst puisque nous y sommes présents.

AM Duchemin
(Compte-rendu publié également dans l’Éphémères n°112 du CREPAN)

 

On peut s’apercevoir que la décision d’arasement des barrages n’est toujours pas actée. Les politiques jouent la montre (et avec nos nerfs).
Devant tant d’hésitations, d’atermoiements et de manque de courage politique, particulièrement de Ségolène Royal, ministre de l’écologie, les adversaires au démantèlement des barrages continuent leur travail de lobbying.

Barrage de Vezins (Photo J.P. Doron)

Barrage de Vezins (Photo J.P. Doron)

Un projet de reprise est présenté à la ministre !

Début mars, Ségolène Royal a reçu le président de la société Valorem accompagné du député Huet et du représentant des « Amis du barrage ».
Cette société serait prête à reprendre à sa charge l’exploitation des deux barrages.

Elle a un intérêt financier à défendre, c’est dans la logique d’une entreprise commerciale, mais on ne peut que s’inquiéter sur le respect de la Directive cadre sur l’eau et la nécessité de restaurer la continuité écologique du fleuve et la qualité de l’eau.
Leur ingénieur annonce : “Valorem a réalisé une étude comparative des solutions existantes et potentiellement adaptées. Il en résulte que la seule solution possible (et proposée par la ministre) serait l’installation d’un dispositif de capture/transport pour la montaison et la dévalaison”, on comprend aussitôt la vision étriquée qu’ils ont de l’ensemble écologique complexe que forme un fleuve comme la Sélune. C’est pitoyable !

La presse locale, évidemment, en a fait ses gros titres, mais il est à noter, une fois de plus, la partialité de La Manche Libre sur le sujet. En effet, l’article sur son site internet est la copie conforme de celui du blog des « Amis du barrage », c’est le même auteur !
Elle n’est pas belle la presse libre et objective que l’on a chez nous ?

Ont-ils pris connaissance de la contre-expertise sollicitée par Mme la Ministre ? On peut en douter car le rapport de celle-ci conclut, comme les précédentes expertises, à la très faible efficacité de cette solution et cela pour un coût disproportionné (voir entre autre les pages 85, 115, 183 et 186 du rapport de contre-expertise).

Le sérieux de ce projet de reprise et sa faisabilité restent à confirmer, d’autant plus que la contre-expertise conclut que la rentabilité des ouvrages n’est pas assurée (voir entre autre les pages 40 et suivantes du rapport). Contrairement à ce que prévoit Valorem dans son projet, le rapport précise également que la solution de station de transfert d’énergie par pompage (STEP) est jugée non rentable et à la faisabilité non avérée (pages 42 et 43).

Un arrêté du préfet fortement contestable

Le 3 mars 2016, la préfecture a publié un « Arrêté autorisant la vidange et les travaux de gestion des sédiments du barrage de Vezins » alors qu’il s’appuie sur l’avis favorable du Coderst « sur les projets de vidange, de gestion sédimentaire et de démantèlement des barrages de Vezins et La Roche-qui-Boit ».

Le démantèlement est donc bien repoussé aux calendes grecques. Ce non-sens a fait réagir le collectif des Amis de la Sélune, dont nous faisons partie, et un communiqué de presse a été rendu public.

Après l’article que nous avons publié il y a bientôt un an et les communiqués qui ont suivi et que vous pouvez retrouver avec le mot-clé « barrage » sur notre site, vous pouvez voir que le dossier n’est pas clos.
Restons vigilants !

Aidez-nous dans ce combat, nous avons besoin de vous. Rejoignez Manche-Nature.

Dans la presse :

Ouest-France, Une offre de reprise de Valorem pour les barrages du Sud-Manche
France 3 Normandie, Barrages du Sud-Manche : un projet de reprise présenté au ministère de l’environnement

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