L’activité naturaliste associative est représentée par l’organisation de sorties thématiques gratuites ouvertes à tous les publics, par les publications et rapports scientifiques, enfin par l’activité grandissante de notre site Internet.
Publications
En 2016, le rythme de trois bulletins de L’Argiope a été tenu et ils sont parus aux dates prévues. Au cours de l’année écoulée, les numéros 91, 92-93 et 94 ont donc été publiés.
Voici la liste alphabétique des auteurs naturalistes :
Christian Berquer, Roselyne Coulomb, Xavier Lair, Yves Le Monnier, Alain Livory, Philippe Sagot.
Certes, nous pouvons regretter le manque de renouvellement mais nous avons eu le plaisir d’accueillir un nouvel auteur, Christian Berquer, de Barneville-Carteret.
En 2016, nous avons notamment poursuivi l’inventaire des abeilles de la Manche avec trois genres très difficiles et riches en espèces, les collètes, les halictes et les lasioglosses (Alain Livory, Xavier Lair & Philippe Sagot). Encore une fois, ces inventaires sont parmi les premiers de ce type publiés en France et ils confirment la grande richesse de notre département qui accueille notamment un certain nombre d’espèces méridionales.
Autre travail inédit et hautement original, celui d’Yves Le Monnier sur les desmides de la tourbière de Pirou, des algues microscopiques rarement étudiées. À cette occasion, Yves évoque les travaux d’illustres devanciers, Alphonse de Brébisson et l’abbé Frémy, qui mirent en valeur les trésors naturels de la Lande de Lessay à l’époque où elle était encore presque intacte. Dans le numéro de printemps, Yves publie également la découverte d’une nouvelle algue unicellulaire pour la Basse-Normandie, toujours un desmide.
Tous les autres articles sont des compléments aux inventaires entomologiques de notre département :
Homoptères
– la cicadelle du rhododendron, par Yves Le Monnier. Il s’agit d’un insecte très coloré originaire d’Amérique du Nord et apparu en France en 2007.
Lépidoptères
– le sphinx du laurier-rose, par Christian Berquer. Très belle découverte d’un nouveau sphinx migrateur. Ce magnifique papillon originaire d’Afrique et d’Asie entreprend de longues migrations à travers l’Europe mais n’atteint que très rarement nos latitudes tempérées.
Diptères
– Xavier Lair & Alain Livory publient la découverte de deux nouveaux syrphes qui porte à 180 le nombre d’espèces de la Manche. Les deux espèces sont rares, l’une sylvatique (Myolepta potens) et l’autre d’affinité montagnarde (Cheilosia canicularis), cortège assez rare dans notre département.
– Alain Livory & Roselyne Coulomb complètent l’inventaire déjà bien avancé des tachinaires, qui sont des mouches parasites. Six espèces sont ajoutées. À noter que cet article nous a été demandé par un auteur canadien qui publie chaque année une synthèse mondiale des articles parus au sujet de cette grande famille.
Hyménoptères
– Notre trio d’hyménoptéristes (A. Livory, X. Lair & Ph. Sagot) complète le recensement des crabronidés avec deux nouvelles espèces qui portent à 123 le nombre de sphéciformes dans la Manche. Les deux guêpes identifiées sont des méridionales qui atteignent chez nous leur limite nord.
– Alain Livory & Roselyne Coulomb annoncent la découverte d’une nouvelle guêpe sociale, la guêpe saxonne, cette fois d’affinité plutôt alpine et forestière, ce qui explique peut-être sa rareté dans la Manche.
– Alain Livory & Philippe Sagot font le point sur les chalcididés de la Manche, une famille très peu étudiée en France. Huit espèces sont désormais connues et parmi les nouveautés, deux thermophiles franchement méridionales, Brachymeria walkeri et Psilochalcis subarmata.
– Sous la plume d’Alain Livory & Roselyne Coulomb, trois nouveaux pompiles enrichissent le catalogue de ces guêpes commencé en 2005 par notre ami Henri Chevin. L’un d’eux, Ceropales maculata capturé à Blainville, est rarissime dans tout l’Ouest de la France.
– Enfin Christian Berquer prend acte de la colonisation du Cotentin par le frelon asiatique qui désormais s’installe aussi bien dans des bâtiments que dans des arbres.
Ces sujets qui passionnent les naturalistes seraient sans doute bien ingrats sans le talent de nos illustrateurs et de nos photographes : Roselyne Coulomb, auteur des trois couvertures au Rotring dont le splendide sphinx du laurier-rose, et aussi les photographes d’animaux, de plantes ou de paysages, par ordre alphabétique :
Christian Berquer, Jeremy Early, David Genoud, Yves Le Monnier, Alain Livory et Philippe Scolan.
Sur le plan technique, la maquette de L’Argiope est composée, bénévolement, par Philippe Scolan.
L’Argiope est envoyée gratuitement à la bibliothèque des sciences de Cherbourg, la bibliothèque Nationale de France, France Nature Environnement, la médiathèque du Muséum National d’Histoire Naturelle, le Musée Maritime de Saint-Vaast-la-Hougue, la DREAL, le Conseil régional, le préfet de la Manche, la Communauté de communes de Saint-Malo-de-la-Lande, Biomasse Normandie, Thomson Reuters (recensement des revues scientifiques au niveau mondial). L’Argiope est aussi envoyée aux naturalistes qui nous apportent un soutien scientifique ou iconographique (David Baldock et Jeremy Early) et aux personnes non abonnées qui ont collaboré à la rédaction ou à l’illustration.
L’Argiope est échangée avec de nombreuses revues naturalistes : Alsace-Nature Info devenue « Citoyens nature », le bulletin du GRETIA, le bulletin du Parc Normandie-Maine, Sud-Ouest Nature (SEPANSO), Le Petit Liseron et L’Émouchet (AFFO), Les Naturalistes Vendéens, Goupil (ASPAS), Naturallier, La Garance Voyageuse, Anjou Nature (bulletin des naturalistes angevins, Eau et Rivières de Bretagne, ARVERNSIS (bulletin de l’association entomologique d’Auvergne), Le Râle d’Eau (Viv’armor nature), Espoir Paysan (la revue départementale de la Confédération paysanne), Symbioses (le bulletin scientifique des muséums de la Région Centre), les revues de France Nature Environnement, Erica (revue du conservatoire botanique de Brest), L’association des entomologistes picards.
Sorties
Seize sorties ont été organisées, sans compter le troc de plantes, qui a lieu deux fois par an. Les membres qui ont animé ces sorties sont (par ordre alphabétique) : Christian Berquer, Florent Boittin, Roselyne Coulomb, Yves Grall, Benoît Lecaplain, Alain Livory, Alain Rongier et Philippe Scolan. De nombreux thèmes ont été abordés : les champignons, la flore, les insectes, les oiseaux et plus généralement la biodiversité et les milieux qui l’accueillent. La fréquentation est variable. D’une manière générale, les sorties sur le littoral sont beaucoup mieux suivies que les sorties à l’intérieur. Il n’est pas rare que l’animateur se retrouve avec deux ou trois personnes ou seulement quelques fidèles et ce malgré la qualité des intervenants. Ce manque d’intérêt du public pour les sciences de la vie est très inquiétant pour l’avenir de la protection de la nature dans notre département.
Site Internet
Grâce à l’emploi et à la compétence de Philippe Scolan, le nouveau site Internet de Manche-Nature nous est très bénéfique dans tous les domaines mais notamment sur le plan naturaliste. La photothèque, destinée à publier des photographies des espèces vivantes de notre département, continue de s’enrichir. Avec les informations annexes qui accompagnent les clichés, nous présentons peu à peu un véritable fichier de la flore et de la faune. À ce jour, plus de 800 photos sont publiées, qui sont régulièrement consultées par les internautes.
Le site Internet a également permis de mettre de nombreux articles anciens (cinq ans au moins) en téléchargement gratuit, décision prise par le bureau. Ce cadeau aux naturalistes contribue en réalité à faire connaître nos publications qui sont plus souvent citées en références bibliographiques que par le passé. Le site a permis aussi de proposer des lots de L’Argiope à des prix très avantageux.
Sur le site, nous relatons également des sorties et nous alertons le public sur les dangers qui menacent tel ou tel site. Mais le principal succès de 2016 a été la mise en place de cartographies de la faune départementale. Ces cartes très agréables et très faciles à consulter fournissent la distribution des espèces par communes en distinguant les données anciennes. Onze familles d’hyménoptères sont déjà en ligne, soit plusieurs centaines d’espèces, et bien d’autres viendront s’y ajouter. Les cartes renvoient le lecteur sur les tables naturalistes et sur la photothèque. Elles doivent être mises à jour chaque année.
Conclusion
Au total, notre rayonnement dépasse certainement celui que l’on attendrait d’une association départementale. Nos travaux ont largement contribué à la dynamique naturaliste régionale, ils sont très souvent mentionnés dans les périodiques, même à l’étranger, et nos naturalistes participent parallèlement à de nombreuses recherches. Il faut reconnaître cependant que les temps sont difficiles : il y a peu de renouvellement parmi les auteurs, peu de jeunes naturalistes, les sorties n’attirent que peu de monde et, malgré la qualité reconnue de nos publications, les abonnements stagnent en raison de la concurrence d’Internet. Pourtant, nous avons la chance de vivre dans un département extrêmement riche et nous devons absolument continuer à l’étudier, à le faire connaître et à protéger ses richesses naturelles. À l’heure où la biodiversité s’effondre, l’étude de la nature est plus que jamais indissociable de la protection et c’est pourquoi une association comme la nôtre est indispensable.
Alain Livory