Il y a bien longtemps que j’y songeais, mais toutes les conditions n’étaient pas réunies… Enfin cette année 2021 est la bonne et c’est avec enthousiasme que le « chantier mare » a été lancé fin mai.
De forme ovale, elle a été creusée sur une surface de 5 mètres sur 6 environ pour une profondeur d’1 mètre au plus bas. Cela fait environ 20 mètres-carré pour 8 mètres-cubes. Le terrassement a été affiné afin de créer plusieurs paliers et une zone peu profonde en pente douce pour satisfaire les différentes exigences de la faune et de la flore aquatique.
L’alimentation en eau se fait par récupération des eaux de pluie d’une moitié de la toiture de la maison et l’étanchéité est assurée par une bâche de qualité pour une bonne résistance physique dans le temps.
Tant que j’y étais, j’ai prévu une petite « zone humide » au niveau du trop plein.
Un appel auprès d’amis m’a permis de récupérer une bonne diversité de plantes aquatiques afin de créer au plus vite un milieu accueillant pour la faune. Un grand merci à eux !
L’excès d’algues vertes observé peu de temps après la mise en eau s’est vite atténué avec l’alimentation en eau suite aux orages de la fin juin et la mise en place de la végétation aquatique. Un équilibre semble se créer.
Avec les plantes, nombre d’organismes ont été importés. C’est inévitable et souhaitable pour que le milieu devienne rapidement accueillant et vivable et que d’autres animaux choisissent de s’y installer.
En l’espace de quelques jours, l’eau s’est bien éclaircie et c’est avec curiosité que l’on peut déjà observer la vie grouillante de toute une micro-faune : daphnies, cyclopes, gammares et autres petits invertébrés. Pas vraiment invités, il y a eu également pas mal de larves de moustiques juste après la mise en eau !
Il est passionnant d’observer au fil des jours tous les animaux qui sont attirés par la nouvelle mare. Les insectes en premier lieu avec par exemple les guêpes polistes qui viennent chercher l’eau nécessaire à la construction de leur nid ; des petites abeilles solitaires recueillant la boue au bord de l’eau et de nombreuses mouches dont certaines sont connues comme prédatrices des larves de moustique, voilà une bonne nouvelle… Et puis les insectes purement aquatiques sont vite là. C’est d’abord l’observation d’une larve de dytique aux prises avec une autre larve identique…
Et puis, rapidement, un dytique adulte arrivé par la voie des airs tout comme des gyrins, notonectes et autres gerris sont notés à la surface de l’eau.
La première libellule est une femelle d’Anax empereur, suivie d’une deuxième, occupées à pondre sur les feuilles flottantes de l’Hydrocharis. Deux espèces d’agrion sont ensuite observées, Coenagrion puella et Ischnura elegans.
La surprise est le passage d’un grand Mars changeant, un papillon que je n’avais jamais observé en Normandie.
Comme vous pouvez le voir, la création d’une mare apporte une diversité importante et nouvelle près de la maison. Les amphibiens ne sont pas encore arrivés, mais je compte bien trouver des pontes au printemps prochain. Les oiseaux viennent s’y abreuver ou s’y baigner. Je viens d’y trouver une plume de faisan et des traces fraîches bien nettes !
Il y a encore quelques travaux à faire avec, par exemple, la plantation à l’automne du petit coin de marais, mais déjà l’attraction de la mare est bien réelle.
C’est un véritable plaisir que d’observer les nouveaux animaux arrivés ou l’éclosion des premières fleurs en compagnie des petits enfants.
Individuellement, nous pouvons jouer un rôle pour aider le vivant à se maintenir en bon état. Si vous le pouvez, aménagez une mare naturelle chez vous comme Marc Le Rochais nous le demandait déjà dans son article il y a 5 ans. Mon regret est de ne pas l’avoir réalisé plus vite.
Philippe Scolan
Pour aller plus loin, je vous conseille deux livres aux éditions Terre vivante :
- Une mare naturelle dans votre jardin, Hartmut Wilke (épuisé, à trouver d’occasion)
- J’aménage ma mare naturelle, Gilles Leblais