La manifestation de la FDSEA de ce lundi 21 janvier, a dépassé les limites du supportable.
Bien évidement le droit de défendre des intérêts particuliers est légitime, mais martyriser des oiseaux sauvages devant les caméras de télévision pour faire un coup médiatique en s’en prenant à Manche-Nature, cela dépasse l’entendement.
De très nombreuses personnes, bien au-delà des sympathisants de notre association, ont été choquées de voir avec quelle cruauté quelques individus soutenus par d’autres hilares ont enfourné une dizaine d’étourneaux vivant par la fente de la boîte à lettre de la porte de la maison de Manche-Nature.
Les images du reportage de France3 sont effarantes. Comment peut-on avoir si peu de respect pour un oiseau et le passer en force dans une fente de 2,5 cm quand on sait qu’il lui faut un trou de 4,5 cm minimum pour s’installer dans un nichoir ?
Delphine, notre salariée, a pu libérer les oiseaux en fin de matinée : ils ont réussi à s’envoler, mais ils étaient, malheureuses victimes de la bêtise des hommes, dans un fort piteux état !
Au-delà de ces exactions inqualifiables, ces manifestants n’admettent pas qu’un représentant d’association de protection de la nature puisse donner son avis lors d’une commission où il est membre de droit et désigné par le Préfet.
En effet, le 15 novembre 2012, la Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage s’est réunie en formation spécialisée en présence de 2 invités, un membre de la FDSEA et un représentant de la Chambre d’Agriculture. Il s’agissait de répondre à la question :« L’étourneau doit-il être classé nuisible ? ». Cet oiseau, insectivore et solitaire durant la période de reproduction est normalement considéré comme un auxiliaire précieux par les agriculteurs respectueux de la nature.
Pourquoi les grands groupes hivernaux d’étourneaux venus d’Europe du Nord sont-ils devenus la bête noire de la FDSEA ?
Au-delà du chiffrage financier des dégradations, ces agriculteurs seraient bien avisés d’analyser les conséquences de la maïsiculture abondante et déraisonnée dans le département de la Manche et les atteintes systématiques de la nature tel que la disparition de très nombreuses parcelles en prairie naturelle ainsi que les haies et talus qui les bordent.
Ces pratiques agricoles intensives sont déjà en grande partie responsables de la situation alarmante de la population des étourneaux européens qui « fond » de 1 à 2 % chaque année ! Voilà maintenant que l’on demande de pouvoir piéger et tuer durant toute l’année ces malheureux oiseaux qui sont déjà chassables de la mi-septembre à la fin février !
Sur les 7 membres de la Commission, notre représentant fut le seul à répondre « non ». Le ministère de l’environnement a depuis refusé de voir l’étourneau classé nuisible dans notre département et bien évidemment, cela a fort déplu à la FDSEA qui, dans notre département, est plutôt habituée à donner des ordres qu’à se voir opposer des refus.
Les choses en restèrent là jusqu’à ce lundi 21 janvier, où les invités à la réunion de la commission, aidés de quelques amis, menèrent cette opération lamentable contre Manche-Nature. Faut-il en déduire que les élections à la Chambre d’agriculture ont besoin d’une telle opération médiatique ?
Ainsi, les étourneaux et notre association ont subi des représailles parce que, lors d’une réunion d’une Commission départementale, notre représentant a usé de son droit de penser et de s’exprimer librement ! C’est une dérive inquiétante qui ne doit pas se reproduire. Dorénavant, Monsieur le Préfet devra choisir avec un plus grand soin ceux qu’il invite aux réunions des différentes commissions !
Une semaine après les faits, nous n’avons pas reçu d’excuses de la part des organisateurs de cette manifestation. Était-ce raisonnable d’en espérer ?
Nous nous réservons le droit de porter plainte contre de tels agissements. La décision est en débat au sein de notre association.