L’activité naturaliste associative est représentée par l’organisation de sorties thématiques gratuites ouvertes à tous les publics, par les publications et rapports scientifiques, enfin par l’activité grandissante de notre site Internet.
Publications
En 2017, le rythme de trois bulletins de L’Argiope a été tenu et ils sont parus aux dates prévues. Au cours de l’année écoulée, les numéros 95, 96-97 et 98 ont donc été publiés.
Voici la liste alphabétique des auteurs naturalistes, parmi lesquels plusieurs sont nouveaux :
Florent Boittin, Roselyne Coulomb, Xavier Lair, Romain Le Divelec (et 3 co-auteurs), Yves Le Monnier, Alain Livory, Thierry Philippe, Didier Poulin, Philippe Sagot.
En 2017, nous avons pu terminer l’inventaire des abeilles de la Manche avec les Sphecodes et les petits genres d’apidés qui nous restaient à traiter. Notre département comptait à la fin de l’année 271 espèces d’abeilles publiées (auteurs Alain Livory, Xavier Lair & Philippe Sagot).
Toujours chez les insectes, cette fois les diptères, un autre travail original a été entrepris, l’inventaire des téphritidés, petites mouches associées aux astéracées, en particulier les chardons. Le catalogue comptait déjà 28 espèces et il sera poursuivi en 2018 (auteurs Alain Livory, Xavier Lair & Roselyne Coulomb).
Dernier travail d’envergure qui nous fait renouer avec la botanique, celui de Thierry Philippe qui publie pour nous un inventaire analytique aussi complet que possible d’une commune littorale, Saint-Pair-sur-Mer. Ce recensement, effectué entre 2012 et 2016, dresse la liste de 769 plantes vasculaires, soit environ un tiers de la flore régionale.
Plus modestement, Roselyne Coulomb s’est penchée sur le statut d’une fabacée très rare et connue seulement du marais de Gouville-sur-Mer.
D’autres articles sont des compléments aux inventaires entomologiques de notre département :
Hétéroptères
– Alain Livory ajoute deux lygéidés, portant la liste départementale de ces petites punaises à 64 espèces.
Diptères
Ils ont fait l’objet de plusieurs trouvailles intéressantes :
– Alain Livory nous fait part de la découverte d’une sciomyze inédite pour notre département.
– Alain Livory & Roselyne Coulomb ont capturé un syrphe d’intérêt patrimonial dans la forêt de Saint-Sauveur-le-Vicomte tandis que Didier Poulin mentionne un syrphe inédit pour le département. Cette famille de mouches compte désormais 186 espèces dans la Manche.
Enfin, Alain Livory & Florent Boittin attirent l’attention sur un petit diptère dont la famille, les Scenopinidae, est nouvelle pour la Manche.
Hyménoptères
– Chez les symphytes chers à notre ami Henri Chevin qui a tant fait pour la connaissance de ces insectes dans toute la France, ce sont des naturalistes bretons (Romain Le Divelec et trois amis) de passage à Vauville qui ajoutent une espèce à la liste déjà très longue (273 espèces !). De son côté, Philippe Sagot mentionne une andrène inédite à Jobourg. Enfin Alain Livory & Roselyne Coulomb relatent la découverte de trois aculéates nouveaux pour la Manche.
Deux articles s’écartent avec bonheur des habituelles mais indispensables listes d’espèces :
– Notre fidèle collaborateur Yves Le Monnier s’intéresse de près aux différents indices biologiques des eaux douces, ceux classiquement utilisés pour les eaux courantes mais aussi ceux, beaucoup moins connus, des eaux stagnantes.
– Alain Livory & Roselyne Coulomb ont suivi dans les moindres détails la construction d’un nid par une guêpe potière déjà observée au même endroit dix ans auparavant, Eumenes coronatus.
Ces sujets qui passionnent les naturalistes seraient sans doute bien ingrats sans le talent de nos illustrateurs et de nos photographes : Roselyne Coulomb, auteur d’une couverture au Rotring et aussi les photographes d’animaux, de plantes ou de paysages, par ordre alphabétique :
André Advocat, Sylvie Boyer, Jeremy Early, Jean-Laurent Hentz, Xavier Lair, Yves Le Monnier, Alain Livory, Thierry Philippe, Philippe Scolan.
Sur le plan technique, la maquette de L’Argiope est composée, bénévolement, par Philippe Scolan.
L’Argiope est envoyée gratuitement à la bibliothèque des sciences de Cherbourg, la bibliothèque Nationale de France, France Nature Environnement, la médiathèque du Muséum National d’Histoire Naturelle, le Musée Maritime de Saint-Vaast-la-Hougue, la DREAL, le Conseil régional, le préfet de la Manche, la Communauté de communes de Saint-Malo-de-la-Lande, Biomasse Normandie, Thomson Reuters (recensement des revues scientifiques au niveau mondial). L’Argiope est aussi envoyée aux naturalistes qui nous apportent un soutien scientifique ou iconographique (David Baldock et Jeremy Early) et aux personnes non abonnées qui ont collaboré à la rédaction ou à l’illustration.
L’Argiope est échangée avec de nombreuses revues naturalistes : Alsace-Nature Info devenue « Citoyens nature », le bulletin du GRETIA, le bulletin du Parc Normandie-Maine, Sud-Ouest Nature (SEPANSO), Le Petit Liseron et L’Emouchet (AFFO), Les Naturalistes Vendéens, Goupil (ASPAS), Naturallier, La Garance Voyageuse, Anjou Nature (bulletin des naturalistes angevins, Eau et Rivières de Bretagne, ARVERNSIS (bulletin de l’association entomologique d’Auvergne), Le Râle d’Eau (Viv’armor nature), Espoir Paysan (la revue départementale de la Confédération paysanne), Symbioses (le bulletin scientifique des muséums de la Région Centre), les revues de France Nature Environnement, Erica (revue du conservatoire botanique de Brest), L’association des entomologistes picards.
Sorties
Dix sorties, moins que l’an dernier donc, ont été organisées, sans compter le troc de plantes, qui a lieu deux fois par an. Les membres qui ont animé ces sorties sont (par ordre alphabétique) : Christian Allain, Michel Bataille, Christian Berquer, Roselyne Coulomb, Yves Grall, Alain Livory, Alain Rongier. De nombreux thèmes ont été proposés : comme d’habitude la flore et la faune mais aussi une promenade crépusculaire et une découverte d’observatoire piscicole. La situation n’a pas évolué : la fréquentation est variable. D’une manière générale, les sorties sur le littoral sont beaucoup mieux suivies que les sorties à l’intérieur. Il n’est pas rare que l’animateur se retrouve avec deux ou trois personnes ou seulement quelques fidèles et ce malgré la qualité des intervenants. Ce manque d’intérêt du public pour les sciences de la vie est très inquiétant pour l’avenir de la protection de la nature dans notre département.
Site Internet
Grâce à la compétence de Philippe Scolan, le site Internet de Manche-Nature a pris son rythme et se révèle très efficace dans tous les domaines, notamment sur le plan naturaliste. La photothèque, destinée à publier des photographies des espèces vivantes de notre département, continue de s’enrichir. Avec les informations annexes qui accompagnent les clichés, nous présentons peu à peu un véritable fichier de la flore et de la faune. À ce jour, 936 photos de la flore et de la faune ont été publiées, qui sont régulièrement consultées par les internautes. Toutes sont prises dans le milieu naturel, presque toujours dans la Manche. Le millier sera atteint prochainement.
Le site Internet a également permis de mettre de nombreux articles anciens (cinq ans au moins) en téléchargement gratuit, décision prise par le bureau. Ce cadeau aux naturalistes contribue en réalité à faire connaître nos publications qui sont plus souvent citées en références bibliographiques que par le passé. Le site a permis aussi de proposer des lots de L’Argiope à des prix très avantageux.
Sur le site, nous relatons également des sorties et nous alertons le public sur les dangers qui menacent tel ou tel site. Mais le principal succès, inauguré en 2016 et poursuivi en 2017, a été la mise en place de cartographies de la faune départementale. Ces cartes très agréables et très faciles à consulter fournissent la distribution des espèces par communes en distinguant les données anciennes. Quinze familles représentant des centaines d’espèces sont déjà en ligne parmi les hyménoptères (guêpes et abeilles), les diptères (mouches) et les hétéroptères (punaises), et bien d’autres viendront s’y ajouter. Les cartes renvoient le lecteur sur les tables naturalistes et sur la photothèque. Elles doivent être mises à jour chaque année.
Conclusion
Au total, notre rayonnement dépasse certainement celui que l’on attendrait d’une association départementale. Nos travaux ont largement contribué à la dynamique naturaliste régionale, ils sont très souvent mentionnés dans les périodiques, même à l’étranger, et nos naturalistes participent parallèlement à de nombreuses recherches. Il faut reconnaître cependant que les temps sont difficiles : il y a peu de renouvellement parmi les auteurs, peu de jeunes naturalistes, les sorties n’attirent que peu de monde et, malgré la qualité reconnue de nos publications, les abonnements stagnent en raison de la concurrence d’Internet. Nous sommes loin, très loin, du dynamisme affiché par notre homologue voisin, l’AFFO (département de l’Orne) qui annonce déjà 67 activités pour 2018, sorties nature, formations à des disciplines diverses, chantiers nature, prospections atlas. Pourtant, nous avons la chance de vivre dans un département extrêmement riche et nous devons absolument continuer à l’étudier, à le faire connaître et à protéger ses richesses naturelles. À l’heure où la biodiversité s’effondre, l’étude de la nature est plus que jamais indissociable de la protection et c’est pourquoi une association comme la nôtre est indispensable.
Alain LIVORY