La mare de l’Essay (Agon-Coutainville)
Préservons ce qu’il reste de nature !
Alertés par la presse sur l’existence d’un plan de coutournement de la mare de l’Essay (Agon-Coutainville), nous avons rencontré sur le terrain les initiateurs de ce projet, à savoir trois personnes représentant la municipalité, l’association locale de la mare de l’Essay et l’association Avril, et nous leur avons fait part de notre point de vue au nom de Manche-Nature, association d’étude et de protection de la nature.
Au commencement, il y avait un site naturel, un vaste étang, une zone humide arrière-littorale comme il en existait un peu partout sur la côte Ouest, en retrait du cordon dunaire. Les photographies anciennes montrent l’existence d’une roselière en queue d’étang. Et puis l’homme est venu et peu à peu il a investi et aménagé cet endroit paisible. Au fur et à mesure que se développait la station balnéaire de Coutainville, la mare est devenue un lieu de promenade et surtout de pêche à la ligne.
Puis sont venus les pédalos, la buvette, les toilettes, les jeux pour les enfants, le terrain de pétanque, les bancs et les tables de pique-nique, les canards apprivoisés, les jets d’eau d’ornement en été, l’initiation à la voile et plus récemment un parking et un mini-golf. Au sud les prairies humides ont été investies par le club hippique et la végétation disparaît peu à peu.
D’un point de vue naturaliste, la mare s’est appauvrie considérablement au fil du temps mais, miraculeusement, la rive orientale, toujours vouée au pâturage extensif, est restée totalement à l’abri de ces aménagements. Ses haies bocagères, ses ronciers, sa végétation palustre, ses troncs sénescents, ses arbres de haut jet lui ont conservé une grande valeur paysagère. Surtout cette rive reste fréquentée par une faune diversifiée qui ne s’aventure jamais sur la rive opposée, celle des hommes. Grèbes, cormorans, hérons, canards plongeurs, canards de surface, laridés, bécassines, martin-pêcheur, foulques, poules d’eau, épervier, pics et autres passereaux, pour ne citer que des oiseaux car la mare est aussi le paradis des libellules et autres insectes aquatiques ou paludicoles.
L’accès à cette rive (privée) n’est pas formellement interdit, du moins pas plus que l’accès à n’importe quel pré, mais sa naturalité et la présence fréquente de bétail sont suffisamment dissuasifs pour que la tranquillité de l’endroit soit préservée. Mais l’homme étant insatiable quand il s’agit de détruire la nature, en particulier les zones humides, certains ont eu l’idée d’aménager un cheminement permettant à chacun de faire le tour complet de la mare ! Il est facile d’imaginer comment évoluerait la rive orientale si par malheur ce projet aboutissait. Un projet d’autant plus insensé que, depuis l’autre rive, il est facile, à l’aide de jumelles, d’observer la quasi-totalité de l’avifaune sans la déranger. Il est important de préserver des endroits difficilement accessibles à l’homme, friches, bois ou marécages. C’est pourquoi notre association fera tout son possible pour que ce projet ne se réalise pas.