Espèces exotiques envahissantes

Le Frelon asiatique

En cette année 2016, nous avons plusieurs fois été sollicités par des personnes signalant la présence du frelon asiatique, Vespa velutina, et demandant conseil pour s’en débarrasser.

Ces témoignages confirment l’expansion inéluctable de cet insecte invasif.

Cette espèce, introduite accidentellement en 2004 dans le Lot-et-Garonne, a désormais colonisé plus de 70 % du territoire français grâce à sa grande adaptabilité et par manque de prédateurs naturels.

Cette invasion pose des problèmes dans plusieurs domaines :

  • environnemental, car le frelon asiatique est un prédateur d’autres insectes et il peut avoir un impact négatif sur la biodiversité ;
  • économique pour l’apiculture, car le frelon asiatique chasse les abeilles, et pour l’agriculture par la prédation exercée sur les insectes pollinisateurs ;
  • santé publique, par le risque de piqûres aux abords des nids.
Frelon asiatique sur les fleurs de lierre, Îles Chausey, 29 octobre 2016 (Photo Philippe Scolan)

Frelon asiatique sur les fleurs de lierre, Îles Chausey, 29 octobre 2016 (Photo Philippe Scolan)

Faut-il lutter contre le frelon asiatique ?

Depuis 10 ans que l’on essaye de lutter contre cet insecte, il faut se rendre à l’évidence : la bataille était perdue d’avance, comme pour de nombreux invertébrés invasifs !

Les études récentes montrent l’effet contre-productif des piégeages proposés par de nombreux organismes ou sites Internet. Les pièges ne sont pas sélectifs et donc l’impact est très mauvais pour les autres espèces autochtones qui se font prendre. Même le piégeage de printemps, censé éliminer les femelles avant qu’elles ne fondent une nouvelle colonie, a des effets pervers en se privant de la compétition entre les reproductrices.

La capture avec des moyens bien ciblés aux abords des ruches pour limiter la prédation semble, elle aussi, peu efficace. Des moyens physiques de protection sont testés avec plus ou moins de résultats…

Des recherches sont en cours pour mettre au point des appâts à base de phéromones afin d’augmenter la sélectivité des pièges et d’accroître leur efficacité.

Il y a près de deux ans, des chercheurs ont mis en évidence qu’un diptère parasitoïde pouvait s’attaquer à la reine de frelon asiatique. C’est une mouche, Conops vesicularis, qui fait partie de notre faune. Malheureusement, ce parasite s’attaquant également aux bourdons et aux guêpes, il ne pourra être utilisé dans une lutte biologique contre Vespa velutina !

Actuellement, nous ne pouvons pas cautionner le piégeage par des particuliers. Les effets délétères pour la biodiversité sont beaucoup trop importants par rapport au nombre de frelons asiatiques réellement capturés.

Ainsi dans la Manche, il y a environ 2 ans, un naturaliste de l’association a examiné le contenu des « pièges à frelon asiatique » prétendus sélectifs qu’un particulier avait disposés chez lui : plusieurs frelons d’Europe et guêpes sociales et bien d’autres insectes dont certains assez rares étaient piégés, mais aucun frelon asiatique !

Intervention des pompiers dans le Coutançais (photo Philippe Scolan)

Intervention des pompiers dans le Coutançais (photo Philippe Scolan)

Destruction des nids

Dans le département de la Manche, c’est la FDGDON (Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles) qui est chargée de la lutte contre le frelon asiatique. Selon son site, un programme départemental de lutte collective est en cours d’organisation et les destructions de nids pourraient être réalisées, à 3 conditions :

  • qu’il s’agisse bien d’un nid de frelons asiatiques ;
  • que la destruction réponde à un enjeu apicole et / ou humain collectif (de santé / sécurité publique) ;
  • que la Mairie de la Commune concernée ait signé la convention de lutte collective contre les frelons asiatiques avec la FDGDON de la Manche, prenant en charge le coût de destruction du nid, en partenariat avec le Conseil Départemental.

Les deux premières conditions sont particulièrement indispensables, mais il nous semble également important que la destruction se fasse dans les meilleures conditions possibles et, outre les évidentes précautions pour les intervenants et le public, l’utilisation de pesticides doit être proscrite.

Le frelon asiatique est très discret. Ce nid d’une quarantaine de centimètres situé dans un buis près d’une maison est passé inaperçu très longtemps. (photo Philippe Scolan)

Le frelon asiatique est très discret. Ce nid d’une quarantaine de centimètres situé dans un buis près d’une maison est passé inaperçu très longtemps. (photo Philippe Scolan)

 

Allées et venues à l’entrée du nid. Sans mouvement brusque, il n’y a pas d’agressivité. (photo Philippe Scolan)

Allées et venues à l’entrée du nid. Sans mouvement brusque, il n’y a pas d’agressivité. (photo Philippe Scolan)

La carte de répartition de Vespa velutina pour la Manche est consultable ici. Elle a été élaborée à partir des observations issues de notre base de données. L’ensemble du département est peut-être déjà conquis par cette espèce exotique invasive. Envoyez-nous vos observations pour compléter cette cartographie.

Retrouvez les familles cartographiées sur cette page.

Liens utiles :

Les pages du Muséum National d’Histoire Naturelle (INPN) sur le frelon asiatique et Première description de la structure et de l’évolution des colonies du frelon asiatique
Un guide PDF d’identification est également imprimable au format A4 avec les insectes présentés à leur taille réelle

Site de l’Université de Tours
Communiqué de presse de l’INRA
Rue89 NouvelObs Arrêtez de piéger le frelon asiatique, il y a une autre solution
Sciences et Avenir Le frelon asiatique, bientôt éradiqué ?

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