Manche-Nature organisait mercredi 19 mars à la salle de la convivialité à YQUELON, une conférence sur les impacts des produits chimiques sur la santé et la chaîne alimentaire avec en préalable la projection du documentaire de Nadia BENNICH
« IN SMALL PRINT »
suivi d’un débat animé par les Docteurs NICOLLE et LE HOUEZEC, pédiatres, et membres du Réseau Environnement Santé.
Peu à peu la salle se remplit pour atteindre près de 140 personnes.
La projection se déroule dans des conditions d’une salle de cinéma numérique professionnelle, qualité du son, de l’écran donc de l’image.
Il faut souligner que cette salle très récente bénéficie d’une acoustique de grande qualité et d’un confort certain.
Le film nous propose différents entretiens avec des médecins, chercheurs, traitant du développement des perturbateurs endocriniens dus aux produits chimiques qui se trouvent dans notre environnement et notre alimentation.
Il est question de la qualité de l’air (usines, circulation automobile, agriculture) des produits plastiques dérivés du pétrole, qui polluent la terre, la mer, l’eau.
Mais aussi des composants des produits dits de « beauté » (contenant des parabènes) de jouets pour enfants en plastique, d’objets en plastique (contenants du Bisphénol A et des Phtalates), des vêtements (cotons traités et teintures chimiques) produits d’entretien, produits de traitement (insecticides, fongicides, pesticides) produits désodorisants.
Et bien évidemment de l’alimentation issue de l’agriculture productiviste grosse consommatrice de produits chimiques comme intrants, comme traitements (fongicides, insecticides, pesticides) incitant le consommateur à consommer des produits issus de l’agriculture biologique.
La qualité du film bien que seulement sous titré en français a passionné la salle instaurant un débat avec les deux médecins, axé d’abord sur le sujet principal du film à savoir les effets de tous ces produits en tant que perturbateurs endocriniens modifiant le système hormonal qui peut avoir des conséquences graves sur la santé humaine dès les premiers jours de la vie.
Ces perturbations sont augmentées par l’effet cocktail, phénomène relativement récent, car les analyses sont pour l’instant réalisées molécule par molécule . Dernièrement une étude sur cet effet vient d’être menée par l’équipe du professeur SERALINI du CRIIGEN, sur la base de trois fongicides, trois insecticides et trois pesticides.
Avant le générique de fin un bandeau de la réalisatrice informe que les propos des personnes témoignant dans le film n’engagent qu’elles et que l’association qu’elle représente peut avoir un avis différent.
Cette précision est importante car l’une des intervenantes parle à un moment de produits chimiques bio ce qui paraît aussi curieux que certains qui parlent d’agriculture écologiquement intensive ?
Beaucoup de questions ont été posées par l’assistance sur la qualité des eaux (circuits d’eau potable et eaux en bouteilles) mais aussi des eaux des rivières, de la mer (pollutions par les nitrates, algues vertes). L’un des intervenants précise qu’il ne faut pas laisser les bouteilles plastiques d’eau (ou autres d’ailleurs) au soleil qui dégrade le contenant, de même que les sources de chaleur. (Rappelons au besoin qu’avant d’acheter votre eaux en grande surface vérifiez où sont stockées les palettes, parfois malheureusement en plein soleil).
Ainsi que l’ont précisé nos deux intervenants il ne faut pas hésiter à consulter le site de l’ARS (Agence Régionale de Santé).
Bien évidemment les pesticides ont été évoqués sous un terme rassemblant aussi les fongicides et les insecticides pour arriver à la conclusion qu’il vaut mieux dans la mesure du possible consommer des produits issus de l’agriculture biologique. Bien que l’un de nos intervenants avec la volonté de rassurer ai préconisé de laver les autres produits (légumes, fruits) avant de les consommer, cela n’enlève que les résidus externes mais pas ceux qui ont pénétré le légume ou le fruit en début de production ou au moment de la floraison.
Par principe il est préférable de ne consommer que des pommes bio ou n’ayant subi aucun traitement chimique.
Il faut rappeler que pour les populations exposées et en premier les agriculteurs aux pesticides il a été découvert, y compris dans les membres de leur famille, au bout de quelques années des problèmes de fertilité, mais aussi des cancers divers, touchant les organes vitaux de l’organisme.
L’assistance s’est aussi longuement attardée sur les produits finis (objets en plastique, avec du téflon, meubles, vêtements, la construction, les peintures…) contenants des cocktails importants de produits chimiques, mais aussi du Bisphénol A et des phtalates.
Par la voix de notre président la question de la qualité de l’air a été abordée en mesurant avec les intervenants les conséquences sur la santé humaine et animale. Que ce soit les émanations des usines (dioxines) des centres d’incinération (avec un détour sur le fait de brûler des déchets dans les jardins ou les exploitations agricoles, artisanales ou autres, *) des exploitations d’élevage hors sol (ammoniac), de la circulation automobile, des traitements aériens ou terriens.
Nos intervenants ont rappelé combien l’ensemble de ces produits peuvent perturber la santé humaine en provoquant des dérèglements hormonaux et ce dès le plus jeune âge, mais en soulignant que l’exposition par exemple des populations aux pesticides, variant selon les personnes, peuvent générer des maladies (longtemps après) tels que cancers, mais perturber le développement hormonal masculin (perte de fertilité) et féminin (puberté précoce).
La conclusion de la soirée appelle de la part de tous à une vigilance extrême sur la qualité de notre environnement et de notre alimentation **.
* Dans la Manche : un arrêté préfectoral existe sur ce que l’on peut brûler ou pas dans son jardin ou son entreprise agricole, artisanale ou industrielle. Par contre, jusqu’à présent, le préfet se refuse à prendre un arrêté préfectoral interdisant l’utilisation des pesticides. Pour plus d’informations : ici
** Préconisations du Réseau Environnement Santé pour éviter les Perturbateurs endocriniens au quotidien : Aliments : Privilégier les produits frais non transformés, diversifier votre alimentation. préférer les fruits et légumes « bio » ou cultivés localement sans pesticides. A défaut peler ceux provenant de l’agriculture conventionnelle !!! Eviter les boîtes de conserves et canettes, sauf mention « sans BPA », et privilégier les conditionnements en verre. Beauté : Utiliser le moins possible de produits cosmétiques et de lotions au cours de la grossesse et de l’allaitement. Ingrédients à éviter : Phtalates (DOP,DEP,DINP) triclosan, muscs synthétiques (souvent notés fragrances) parabènes, phénoxyéthanol) BHA et Benzophénone. Bébé/enfant : Le choix le plus sûr reste le biberon en verre. Eviter le plastique polycarbonate (n°7 ou PC) pour la vaisselle et les robots mixeurs. Jouets : Privilégier les jouets en bois ou en tissu non traités et/ou des marques européennes qui offrent des garanties. Cuisine : Eviter si possible les ustensiles traités au téflon dont les poêles, les récipients et les films en plastique, en particulier les plastiques portant les mentions : n° 3 ou PVC (polychlorure de vinyle) n° 6 ou PS (polystyrène) n° 7 (polycarbonate). Alternatives pour le conditionnement ou la cuisson : verre, inox, grès, céramique, terre cuite, fonte émaillée, fer. Les plastiques polyéthylène n° 2 (HDPE) et n° 4 (LDPE) et le polypropylène n° 5 (PP) sont réputés contenir moins d’additifs. Maison : Aérer et dépoussiérer régulièrement. Privilégier si possible des matériaux sains plutôt que moquettes, textiles synthétiques, bois aggloméré, polystyrène et revêtements plastiques. Garder les appareils électroniques hors des chambres. Ne diffuser ni aérosol ni parfum d’intérieur si vous devez rester chez vous.