Ré-ensablement du littoral

Nous réagissons à l’annonce d’un rechargement en sable sur la commune de Saint-Jean-le-Thomas. Ici comme ailleurs sur nos côtes, le va-et-vient des camions et pelleteuses continue !

Rechargement en sable. Agon-Coutainville en février 2014 (Photo Manche-Nature)

La biodiversité littorale menacée :

L’estran est un milieu riche mais fragile. Les passages à répétition d’engins élimineront le réservoir d’invertébrés, source d’alimentation des oiseaux côtiers. Ils détruiront la laisse de mer, une zone essentielle dans la stabilité de l’écosystème.
De plus, ils perturberont cette fois, des espèces d’oiseaux protégés tels que le Gravelot à collier interrompu ou l’Hirondelle de rivage, qui sont en pleine période de reproduction.
L’importance de l’écosystème côtier n’est plus à prouver, en particulier dans la Baie du Mont-Saint-Michel. Nous sommes en zone littorale protégée par le Conservatoire du Littoral, Natura 2000, la convention RAMSAR et l’UNESCO.
Ainsi, 3 000 mètres cube de sable seraient déplacés dans les prochains jours. Comme à chaque fois, ils repartiront à la mer dans les jours suivants avec la marée. Mais ces milliers de mètres cube de sable, ça coûte !


Communiqué de presse, le 15 avril 2020

Littoral : à Saint-Jean-le-Thomas, comme ailleurs, l’illusion des marchands de sable

Une fois de plus, les élu-es vont-ils faire preuve d’incompétence ? Sont-ils des autruches qui se mettent la tête dans le sable pour ignorer la hausse du niveau de la mer ?

L’augmentation de la fréquence et de la violence des coups de vent sont les conséquences constatées du réchauffement climatique. Ils doivent avoir le courage de dire que ces constructions proches de la mer sont condamnées, c’est inévitable, et ne plus délivrer de permis de construire même en continuité urbaine dans la bande des 100 m.

Or, nous voyons ces élu-es montrer leurs biceps, gonflés par l’argent des impôts. Ils défient l’océan en lui hurlant « C’est nous les plus forts ! Tu ne réussiras pas à nous faire reculer ». Mensonge éhonté formulé pour répondre aux cris des résidents proches du littoral qui, pourtant, un jour ou l’autre, seront contraintes d’abandonner sans contrepartie leur bien !

Au lieu d’oser dire la vérité on fait circuler sur la plage des engins chargés de déplacer 3000 m3 de sable qui repartiront inexorablement vers leur lieu d’origine : Un vrai travail de Shadoks.

Un tel comportement, irresponsable, a d’importantes conséquences financières. Mais aussi et surtout il provoque de graves destructions dans le monde minuscule des plages et, perturbe le fonctionnement de l’écosystème côtier.

Les contribuables sont ponctionnés de centaines de milliers d’euros qui sont gaspillés en pure perte. Ils seraient mieux utilisés pour améliorer le système de santé.

La seule solution viable est l’organisation rapide de la délocalisation des activités et des habitations du bord de mer. Dans l’attente et dans l’intérêt général, la communauté de communes doit renoncer à cette action de ré-ensablement et mener les évaluations des incidences des opérations antérieures de rechargement et prélèvement de sable sur un espace remarquable du littoral.



Plage de Saint-Jean-le-Thomas (source : Annexe – Rapport photographique – communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel Normandie (le 27/03/2020)

Courrier envoyé à la Communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel Normandie, le 15 avril 2020

Objet : prélèvement et rechargement en sable sur Dragey-Ronthon et Saint-Jean-le-Thomas : information espèces protégées, autres intérêts écologiques et législations

Monsieur le Président de la communauté d’agglomération,

Vous avez projeté un rechargement en sable de la plage de Saint-Jean-le-Thomas la deuxième quinzaine d’avril 2020, avec prélèvement sur la commune de Dragey-Ronthon.

Dans les documents disponibles sur le site internet de la DREAL relatifs à votre projet (notamment la procédure d’évaluation environnementale au cas par cas), il est bien fait mention de la présence du gravelot à collier interrompu sur cette plage. Il est rappelé également qu’il y nidifie d’avril à août. Il est aussi reconnu que les travaux, qu’ils soient réalisés sur une zone de nidification ou à proximité, perturberont ces espèces en période de reproduction/nidification et de croissance des oisillons et donc remettront en cause le bon accomplissement de leur cycle biologique (circulation des camions sur la plage et nuisance sonore).

Dans ces documents, il n’est pas fait mention d’une autre espèce d’oiseau présente sur ce site et nidifiant à la même période. Il s’agit de l’Hirondelle de rivage. Les mêmes incidences mentionnées ci-dessus sont prévisibles pour cette espèce.

Toutes deux sont des espèces protégées par la loi (L. 411-1 du code de l’environnement et arrêté ministériel du 29 octobre 2009, fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection).

Dans ce contexte, j’estime utile et nécessaire de vous informer que :

Les dispositions de l’article L. 411-1 du code de l’environnement interdisent notamment,

  •  la destruction de ces espèces protégées, ainsi que de leurs œufs et leurs nids ou leur enlèvement,
  • la destruction, l’altération, la dégradation de leurs habitats,
  • la perturbation intentionnelle de ces espèces protégées,

sauf dérogation préfectorale préalable prévue par l’article L. 411-2 dudit code.

La violation de ces dispositions constitue une infraction prévue et réprimée, selon les cas, par les articles L. 415-3 et R. 415-1 du code de l’environnement.

Les autorisations ou décisions obtenues ou qui vous seraient délivrées à l’avenir ou les démarches entreprises au titre d’une autre législation, notamment au titre des sites classés, de l’évaluation environnementale, de l’évaluation des incidences Natura 2000, au titre du code général de la propriété des personnes publiques, de part leurs objets, ne vous autorisent pas ou ne vous permettent pas de déroger aux dispositions précitées relatives à la protection des espèces et de leurs habitats.

La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Normandie, est l’administration compétente pour vous apporter toute information complémentaire en relation avec ce sujet.

Il est du devoir de chacun, et notamment des collectivités territoriales, de prendre part à la préservation des ressources naturelles et de notre environnement, patrimoine commun de la nation.

Pour les mêmes raisons, je porte à votre connaissance les éléments suivants :

Les travaux projetés se situent en ZNIEFF, en site Natura 2000 et surtout dans une partie naturelle d’un site classé. Elle est ainsi protégée par les dispositions de la loi littoral relative aux espaces remarquables du littoral. Dans ce cas, l’autorisation ministérielle obtenue au titre des sites classées, ne vous autorise pas à déroger à ses dispositions, notamment aux différentes conditions et procédures prévues aux articles L. 121-23 à 26, R. 121-5 et R. 121-6 du code de l’urbanisme.

Le site est également reconnu pour abriter le grillon maritime, espèce patrimoniale, qu’il est impératif de préserver, son habitat étant très limité (voir pièce jointe : extrait de l’Argiope n°23, revue naturaliste trimestrielle de Manche-Nature).

Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, une évaluation environnementale se justifie pour pouvoir prendre toute mesure de nature à éviter, réduire et compenser les effets du projet.

Au surplus, il ressort des documents précités qu’il n’y a aucune urgence à réaliser ces travaux sous la deuxième quinzaine d’avril 2020 et qu’ils peuvent être reportés, ce qu’il convient de faire dans l’intérêt général.

Dans cette perspective, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la communauté d’agglomération, en l’expression de ma considération distinguée.

Pour Manche-Nature
Yves-Grall, Président

P.J. : –Extrait argiope n°23

Copie courriel à : -Monsieur le Préfet de la Manche -DREAL Normandie -Conservatoire du Littoral / Syndicat Mixte Littoral Normand -Service départemental de l’Office Français de la biodiversité

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