30 mai 2019
Chaque printemps, petite sortie commune « Manche-Nature » et « Société Française d’Orchidophilie Normandie ». Cette année, le rendez-vous était fixé à 10h devant l’entrée de la réserve naturelle de Mathon (commune de Lessay). Encore faut-il la trouver, cette entrée… A 10h20 nous sommes une douzaine, tous là. Comme nous le croyons alors… La visite guidée par la conservatrice de la réserve Séverine Stauth peut commencer.
Mathon
La réserve naturelle nationale (RNN) de Mathon, qui bénéficie d’un statut de protection depuis 1973, appartient actuellement au Conservatoire du littoral. Bien que de dimension réduite (16 ha), elle est d’un intérêt écologique exceptionnel. Elle concentre en peu d’espace une mosaïque de milieux fort différents, allant de petits bois et prairies humides jusqu’aux tourbières alcalines, en passant par les landes et les tourbières acides. Les différences de dénivelé, la présence de nappes souterraines, et aussi le mode d’entretien effectué par le gestionnaire de la réserve (CPIE du Cotentin) afin d’en maintenir les biotopes écologiquement les plus riches, expliquent cette diversité.
Plantes caractéristiques des landes tourbeuses du Cotentin : les 3 espèces de bruyères (Calluna vulgaris, Erica cinerea et Erica tetralix), la narthécie (Narthecium ossifragum) encore au stade végétatif, l’ajonc nain (Ulex minor), son cousin plus ubiquiste et envahissant l’ajonc européen (Ulex europaeus), le polygala à feuilles de serpolet (Polygala serpyllifolia). Et les sphaignes avec les deux espèces de drosera (Drosera rotundifolia et D. intermedia).
Nous ressortons de la dépression et arrivons à une mare. Une petite grenouille verte de Lessona (Pelophylax lessonae) somnole ou médite à fleur d’eau. Nous poursuivons. Jean-François repère au sol des traces de chevreuil (Capreolus capreolus). Quelques Dactylorhiza maculata.
Dans des prairies où fleurissent abondamment Anacamptis laxiflora et Dactylorhiza praetermissa, nous cherchons en vain des Dactylorhiza incarnata qui devraient s’y trouver.
Nous continuons vers un ancien lavoir, biotope parfait pour batraciens.
Le chemin du retour débute sous les regards attentifs des trois vaches Highland Cattle, en fait deux vaches et un bœuf, dont le seul mais indispensable travail est de pâturer afin d’éviter l’enfrichement et la « fermeture » de certains lieux. Séverine nous propose de repartir avec le bœuf, la réserve de Mathon voulant le remplacer par un taureau… Pas d’amateur au sein de notre groupe pour l’adoption…
Un problème se pose à Mathon, l’arrivée de métaux lourds par les fossés et le ruisseau qui traversent la réserve. Une des routes en périphérie de la réserve serait à l’origine de ces apports : particules de pneus, carburant, etc. Les métaux lourds sont fixés par la tourbière, et l’eau qui ressort de la réserve en est ainsi plus ou moins débarrassée. Mais la réserve, de ce fait, accumule peu à peu cette pollution chimique.
La visite est terminée. Et là, nous avons la surprise de trouver sur le parking une pauvre participante qui, arrivée après le début de la visite, attendait patiemment notre retour. Heureusement, la journée « orchidées » n’est pas terminée. Un autre participant doit nous quitter. Et nous allons retrouver, au sortir de Lessay, Roxane venue uniquement pour l’après-midi. Bref, notre groupe maintenant reformé (effectif : 13, si j’ai bien calculé) prend la direction de notre « terrain » d’après-midi.
L’après-midi se passera dans les prés de Gouville-sur-Mer.
Gouville-sur-Mer
D’abord, casse-croûte à proximité de quelques Anacamptis laxiflora. Conditions rustiques, certes, mais au moins il ne pleut pas ce qui n’était pas gagné au regard des prévisions météorologiques.
Un thème de discussion anime très vite cette pause « repas », l’idée d’Isabelle : réaliser une exposition photographique d’orchidées, par exemple à l’église St Nicolas, à Coutances.
Et puis, promenade un peu au hasard, la marque d’une sortie bien préparée :-), dans ces prés très fortement garnis d’Anacamptis laxiflora et d’un bon nombre de Dactylorhiza praetermissa. Nous allons jusqu’à la route littorale : sur la berme, quelques Anacamptis pyramidalis en début de floraison et un orchis bouc (Himantoglossum hircinum) en bouton.
Au retour de notre balade à travers ces différentes parcelles peuplées généreusement d’Anacamptis laxiflora, la croisée des deux chemins où nous avions garé les voitures se transforme en agora : souvenirs du groupe cartographique SFO « Manche » formé au printemps 2000, choix d’instrument pour déterminer longitude et latitude sur le terrain, conseil pour un ouvrage de détermination botanique complet mais facile d’usage, suggestion d’une petite sortie Spiranthes spiralis dans la région de Coutances fin août/début septembre, etc.
Et bien quoi ? La vie, c’est simple comme une journée « orchidées »… A l’année prochaine, pour une nouvelle partie de botanique et de bonne humeur…
Alain Rongier
Responsable SFO Manche