Sortie nature à la pointe d’Agon

Les oiseaux hivernants dans le havre de Regnéville et à la pointe d’Agon

Une sortie à la pointe d’Agon, c’est toujours un moment privilégié de liberté et de détente. À l’heure même où des journées tragiques endeuillaient la France, il était particulièrement salutaire. L’après-midi, viendrait l’heure du recueillement dans les rues de Coutances en compagnie de 10 000 personnes. Les oiseaux ignorent ces drames et nous étions 14 ce matin du 11 janvier pour les observer le plus discrètement possible derrière nos jumelles et nos télescopes. Dans un site naturel aussi pittoresque où la lumière matinale sur Regnéville est un plaisir toujours renouvelé, nous ne saurions nous ennuyer mais il faut reconnaître que ni les effectifs ni la diversité n’étaient au rendez-vous. Ce n’est pas le fait du hasard ! Les passereaux notamment se font de plus en plus rares. Où sont les grands vols de linottes et de verdiers que nous observions naguère ? À peine si nous comptons les linottes en dizaines, à peine si nous croisons quelques pipits et quelques alouettes, espèces habituellement si fréquentes sur le littoral.

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Bécasseaux sanderling

Bécasseaux sanderling

Deux couples de harles huppés

Deux couples de harles huppés

Restent les oiseaux d’eau qui heureusement paraissent mieux résister au déclin général de la faune. À la pointe, certaines espèces spectaculaires sont faciles à observer dans d’excellentes conditions : le grand cormoran avec les premiers « nuptiaux » – car le « printemps » commence tôt chez les oiseaux ! -, l’immanquable grèbe huppé, les aigrettes garzettes désormais omniprésentes, le héron cendré, le harle huppé, magnifique canard plongeur qui à cette époque commence à parader, le somptueux tadorne de Belon, les eiders à duvet… Ce canard plongeur grand amateur de moules au grand dam des mytiliculteurs exploite aussi volontiers les crabes verts, qui sont fort abondants, et ce matin nous les avons vus pêcher ces proies faciles avec une grande habileté. Tiens ? Une macreuse noire à l’intérieur du havre… Voilà qui est inhabituel pour ce canard marin. Les bernaches quant à elles, espèces emblématiques du havre, étaient postées dans les recoins des herbus dans l’attente de la marée basse.

Eider à duvet mâle

Eider à duvet mâle

La valeur sûre, ce sont les « charadriiformes », en termes plus familiers les mouettes, les limicoles… Les havres sont les endroits privilégiés pour apprendre à distinguer les différentes espèces de laridés : goéland marin, goéland argenté, goéland cendré, mouette rieuse, pour ne citer que les plus communs en hiver, auxquels il faudrait ajouter la mouette mélanocéphale, curieusement absente ce matin-là. Impossible également de passer à côté des limicoles, d’autant que la plupart sont peu farouches : bécasseau sanderling, bécasseau variable, tournepierre à collier, huîtrier-pie, courlis cendré… La plus belle observation de la matinée étant ces sept gravelots à collier interrompu mêlés à la troupe sur le banc de sable. Ce limicole bien connu car il nidifie sur les plages quand l’homme ne le dérange pas trop, est en effet très rare en hiver. Comme quoi chaque sortie apporte toujours une contribution à la connaissance d’un site.

observateurs-1Merci à tous les participants !

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