Passerelle du Thar à Saint-Pair-sur-Mer

un projet contre nature !

Barges rousses et bécasseaux (Ph. Scolan, Manche-Nature)

Il existe à l’extrémité nord de la plage de Kairon, juste avant l’embouchure du Thar quelques centaines de mètres carrés qui, à chaque marée haute, se retrouvent miraculeusement à l’abri de la fréquentation des hommes et de leurs chiens. C’est là dans ce havre de paix que deux fois par jour les limicoles, les laridés, les sternes et autres oiseaux de passage peuvent trouver la quiétude nécessaire à leur survie ! Sur la plage de Saint-Pair, pendant des années, j’ai compté les oiseaux et lors de ces comptages les oiseaux étaient sans cesse dérangés par les promeneurs, les joggeurs et les chiens ce qui ne facilitait pas mon travail car ils passaient leur temps à voler d’un bout à l’autre de la grève avant de rejoindre le dortoir du Thar. Quant aux gravelots à collier interrompu, je ne sais pas par quel miracle ils réussissent à nicher dans cet espace exigu mais heureusement très peu fréquenté !

Bécasseaux sanderlings (Ph. Scolan, Manche-Nature)

Et voilà qu’aujourd’hui, à une époque où l’on ne cesse de répéter que les hommes doivent faire un peu de place aux autres êtres vivants, on a soufflé aux élus de Saint-Pair-sur-Mer l’idée complètement saugrenue de dépenser beaucoup d’argent  pour construire une fort laide passerelle sur le havre du Thar, une passerelle qui n’aurait d’autre raison d’être que de faire venir beaucoup de gens sur cette portion de plage et donc de faire disparaître ce havre de paix grâce auquel des milliers d’oiseaux peuvent, pour les uns, retrouver des forces pour terminer leur migration et, pour les autres, de passer l’hiver en ayant le plus de chances possibles de survivre jusqu’au printemps. Aussi nous espérons de tout cœur que les élus refuseront de construire cette passerelle, coûteuse pour les contribuables mais surtout très très dangereuse pour l’avifaune ! Et laisseront dans les tiroirs tout autre projet ayant des incidences sur ce site écologique.

Pauvres oiseaux auxquels on refuserait ainsi le droit de se reposer alors que la quête de la nourriture est de plus en plus longue car, sur l’estran, à cause des pollutions, les proies se font beaucoup plus rares !

Nos printemps deviennent de plus en plus silencieux.
Dans nos ciels, il y a de moins en moins d’oiseaux.
Laisserez-vous nos plages devenir des déserts ?

Yves Grall
Président de Manche-Nature

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