Compte-rendu de la conférence-débat d’Olivier Kah qui s’est tenue le 3 février 2015 à Avranches.
Ce mardi soir, malgré l’hiver et le froid ambiant, 150 personnes se sont réunies à Avranches pour écouter et dialoguer avec Olivier Kah, chercheur au CNRS de Rennes. Pour les personnes qui désirent visionner en vidéo la conférence, elle est disponible en ligne ici sur le site de Science Action Haute-Normandie.
Le thème portait sur une problématique importante, « les perturbateurs endocriniens », responsables de maladies chroniques chez l’animal comme chez l’homme, qui démontre combien la santé humaine et environnementale sont liées notamment par l’intermédiaire de l’eau, l’air et l’alimentation.
La conférence s’est finie par des questions du public. La principale problématique pour chacun est de savoir où risquons-nous de trouver des Perturbateurs Endocriniens (PE) dans notre environnement.
Ces molécules agissent malheureusement à très faible dose (une goutte d’eau dans une piscine olympique peut dérégler un système hormonal) et il existe un effet dit cocktail si plusieurs molécules différentes sont retrouvées chez un même être vivant.
Les principales pathologies sont des problèmes d’infertilité, des modifications de comportements sexuels (également retrouvés chez les animaux), une augmentation des allergies alimentaires, d’obésité, de diabète, de dysthyroidie mais aussi des cancers hormonaux-dépendants (sein, prostate).
Ces molécules sont aussi malheureusement capables de favoriser des mutations chromosomiques dites mutations épigénétiques (méthylations d’ADN), transmissibles aux générations suivantes, si les personnes sont exposées à certains moments de leur vie (grossesse, enfance, adolescence).
Une des principales molécules reconnues comme PE est le bisphénol A qui constitue une grande partie des plastiques. Les phtalates (retrouvés dans les bouteilles d’eau), parabènes (cosmétiques), perfluorés (tefal), perchloréthylène (pressing), filtres UV, BHA (conservateur), ignifugeants, métaux lourds (mercure) sont également prouvés par de nombreuses études comme étant des PE. Certains médicaments comme la pilule œstroprogestative ou certains antifongiques (imidazolés utilisés en agriculture conventionnelle et en médecine) sont aussi malheureusement reconnus comme PE.
Sur le plan régional, la baie du Mont-Saint-Michel est polluée par un perturbateur endocrinien, l’octyphénol, de la famille des alkyphénols qui peut se retrouver dans l’eau, les sédiments, les animaux et les végétaux (Voir le site de l’Inter-sage de la Baie du Mont-Saint-Michel). Cette molécule participe à l’eutrophisation des milieux naturels entre autres.
Une exposition concernant les perturbateurs endocriniens nous a été prêtée par le R.E.S (Association Réseau Environnement Santé). Elle explicite simplement ce qu’est un perturbateur endocrinien, comment il agit et dans quels composants nous pouvons les retrouver. L’exposition est actuellement dans le hall du CH d’Avranches et sera également installée début mars au CH de Granville.
Cette association (R.E.S.), faite de chercheurs, médecins ou de toxicologues, a réussi grâce à des démarches administratives auprès du ministère français de la Santé , à faire interdire cette molécule dans les composants alimentaires tout comme les phtalates. Malheureusement, il reste encore le bisphénol S ou F… (Site de l’INSERM)
De plus, ces molécules sont encore présentes dans certains cosmétiques ou certains pesticides. Cette bataille contre les molécules potentiellement perturbatrices endocriniennes n’est pas finie car l’EFSA, influencée par des lobbys puissants, ne semble pas en accord avec l’avis de la France. Cette association a d’ailleurs toujours besoin de soutien financier pour continuer à mener son action au plan national et européen. Elle commence cette année des démarches auprès des mairies afin de créer « des villes pilotes » sans perturbateurs endocriniens en déployant de la documentation aux habitants entre autres.
Un espoir cependant ! Si l’exposition à ces perturbateurs endocriniens diminue, les anomalies chromosomiques peuvent nettement s’atténuer dans les générations futures si les « croisements » se font avec des sujets dits plutôt « sains » ce pourquoi il est important que l’Europe prenne la décision de définir clairement ce qu’est un perturbateur endocrinien et interdise l’utilisation de ces composants chimiques.
Le chemin est encore long mais nous pouvons agir en tant que citoyen en évitant de subventionner toutes les entreprises (alimentaires, cosmétiques, technologiques) les utilisant.
Il existe également une pétition européenne en ligne ayant déjà réuni plus de 20 000 signatures pour dire non à ces produits. Nous vous invitons à la signer ICI.
Nous tenons à remercier Olivier Kah pour sa disponibilité et la qualité scientifique de son intervention, et Mr Gérard Dieudonné, conseiller général et secrétaire de l’Inter-Sage (schéma d’aménagement et gestion des eaux) de la baie du Mont-Saint-Michel, d’avoir assisté à la conférence.
Téléchargez, le prospectus du RES répertoriant une partie de ces molécules.
Plus d’informations sur les perturbateurs endocriniens également cette page Wikipedia.