L’activité naturaliste associative est représentée par les publications et rapports scientifiques, par l’organisation de sorties thématiques gratuites ouvertes à tous les publics, enfin par l’activité grandissante de notre site Internet.
Publications
En 2018, le rythme de trois bulletins de L’Argiope a été tenu et ils sont parus aux dates prévues. Au cours de l’année écoulée, les numéros 99, 100 et 101-102 ont donc été publiés. La parution du centième numéro a été l’occasion d’un rappel historique par Alain Livory. Cette longévité de notre revue scientifique et sa régularité sont pour nous une grande satisfaction et nous remercions ici tous les abonnés qui nous permettent de poursuivre l’édition naturaliste sous la forme d’un bulletin papier. Parallèlement, Manche-Nature a publié un nouveau « Dossier », le numéro 11 de la collection, cinquième volet consacré au havre de Regnéville.
Voici la liste alphabétique des auteurs naturalistes :
Christian Berquer, Florent Boittin, Roselyne Coulomb, Julien Lagrandie, Xavier Lair, Yves Le Monnier, Philippe Lemarinel, Alain Livory, Alain Rongier, Philippe Sagot, Peter Stallegger.
En 2018, dans L’Argiope, nous avons poursuivi les inventaires entomologiques en nous attachant particulièrement aux ordres d’insectes les moins étudiés :
– chez les hyménoptères, Alain Livory, Philippe Sagot et Xavier Lair ont présenté des petites familles de guêpes parasitoïdes assez méconnues, les Sapygidae, les Tiphiidae, les Scoliidae et les Mutillidae. Ces familles comptent peu de représentants dans notre département mais il faut absolument connaître la scolie Scolia hirta, grande guêpe parasite des cétoines, connue jusqu’alors des îles Chausey mais récemment découverte au Roc de Granville.
– chez les diptères, Alain Livory, Philippe Sagot et Roselyne Coulomb ont complété l’inventaire des Tephritidae, charmantes petites mouches aux ailes diversement tachées, portant le catalogue à 39 espèces. Et dans le même ordre d’insectes, Alain Livory, Xavier Lair et Philippe Sagot ont dressé une première listes de Bombyllidae. Ces curieuses mouches aux ailes noircies ou au vol stationnaire parasitent les abeilles et divers insectes. Très thermophiles, ils vivent surtout dans les pays chauds mais la Manche accueille tout de même 16 espèces.
– chez les hétéroptères enfin, Alain Livory a abordé la plus grande famille de punaises, celle des Miridae, qui compte plus de 100 espèces dans notre département et autant sans doute à découvrir. Ce premier volet sera complété en 2019.
Les autres articles entomologiques, qui paraissent dans la rubrique « Chasses subtiles », sont des compléments aux inventaires déjà publiés : un conopidé (Philippe Sagot), un syrphe (Alain Livory), une asile ( Philippe Sagot & Alain Livory) et trois crabronides (Yves Le Monnier, Alain Livory, Roselyne Coulomb).
Si les invertébrés, qui rappelons-le constituent plus de 99 % de la faune, font l’objet de toute notre sollicitude, nous étudions également les animaux « supérieurs » et de temps en temps nous publions les résultats d’une recherche originale. C’est ainsi que Philippe Lemarinel a pu suivre plusieurs hivers durant les mouvements d’une oie emblématique de notre département, la bernache à ventre pâle, dont l’essentiel des effectifs hivernant en Europe continentale stationne dans le havre de Regnéville et les estuaires les plus proches. Cette étude repose sur la lecture des bagues colorées posées par nos collègues irlandais et islandais avec lesquels nous sommes en contact permanent. Près de 2000 lectures de bagues ont permis de préciser les habitudes et les déplacements d’une trentaine de bernaches baguées.
Dans un tout autre registre, Yves Le Monnier poursuit ses recherches sur la flore microscopique en publiant dans le No 100 le catalogue des algues vertes unicellulaires du genre Closterium, pas moins de 41 espèces parmi lesquelles deux sont nouvelles pour la France. Dans ce même bulletin, Alain Rongier fait le bilan de l’implantation et du statut actuel dans la Manche des yuccas, espèces américaines introduites dans nos dunes.
Le cinquième volume des Dossiers de Manche-Nature met une fois de plus en avant les richesses naturalistes du havre de Regnéville, premier site naturel du département en termes de biodiversité. Dans ce nouvel opus, Peter Stallegger et Alain Livory actualisent la flore vasculaire et ajoutent un grand nombre d’espèces à l’inventaire de 2000 : 608 espèces sont désormais connues dans le havre et sur ses deux rives. De son côté, Julien Lagrandie, spécialiste des mousses et lichens, a pu reconnaître plus de 50 espèces, et ce n’est qu’une liste provisoire. Florent Boittin a continué avec persévérance son inventaire des champignons et il présente dans ce dossier pas moins de 106 espèces inédites pour le site. Enfin, Alain Livory livre un complément conséquent à la faune du havre, 187 espèces, principalement des invertébrés, et, en collaboration avec Roselyne Coulomb, passe en revue les vertébrés patrimoniaux, essentiellement des oiseaux rares, peu communs ou dont le statut a évolué.
Enfin, le dernier rapport sur le marais de Gouville, consacré aux Carabidae, a pu voir le jour grâce à Florent Boittin. Pas moins de 57 espèces ont pu être déterminées, dont beaucoup photographiées par l’auteur. Depuis une dizaine d’années, Manche-Nature aura largement fait connaître la richesse de ce site qui mériterait des protections officielles.
Ces sujets qui passionnent les naturalistes seraient sans doute bien ingrats sans le talent de nos illustrateurs et de nos photographes : Roselyne Coulomb, auteur des trois couvertures au Rotring dont le splendide sphinx du laurier-rose, et aussi les photographes d’animaux, de plantes ou de paysages, par ordre alphabétique :
Christian Berquer, Florent Boittin, X. Corteel, Roselyne Coulomb, Jeremy Early, Rémy Gautier, Julien Lagrandie, Yves Le Monnier, Serge Mouhédin, Alain Livory, Alain Rongier, Philippe Scolan, Lilian Sineux.
Une mention spéciale doit être faite à Yves Le Monnier pour ses étonnants clichés et dessins de Closterium et à Florent Boittin pour ses magnifiques photographies de champignons.
Sur le plan technique, la maquette de L’Argiope est composée, bénévolement, par Philippe Scolan.
L’Argiope est envoyée gratuitement à la bibliothèque des sciences de Cherbourg, la bibliothèque Nationale de France, France Nature Environnement, la médiathèque du Muséum National d’Histoire Naturelle, le Musée Maritime de Saint-Vaast-la-Hougue, la DREAL, le Conseil régional, le préfet de la Manche, la Communauté de communes de Saint-Malo-de-la-Lande, Biomasse Normandie, Thomson Reuters (recensement des revues scientifiques au niveau mondial). L’Argiope est aussi envoyée aux naturalistes qui nous apportent un soutien scientifique ou iconographique et aux personnes non abonnées qui ont collaboré à la rédaction ou à l’illustration.
L’Argiope est échangée avec de nombreuses revues naturalistes : Alsace-Nature Info devenue « Citoyens nature », le bulletin du GRETIA, le bulletin du Parc Normandie-Maine, Sud-Ouest Nature (SEPANSO), Le Petit Liseron et L’Emouchet (AFFO), Les Naturalistes Vendéens, Goupil (ASPAS), Naturallier, La Garance Voyageuse, Anjou Nature (bulletin des naturalistes angevins, Eau et Rivières de Bretagne, ARVERNSIS (bulletin de l’association entomologique d’Auvergne), Le Râle d’Eau (Viv’armor nature), Espoir Paysan (la revue départementale de la Confédération paysanne), Symbioses (le bulletin scientifique des muséums de la Région Centre), les revues de France Nature Environnement, Erica (revue du conservatoire botanique de Brest), L’association des entomologistes picards.
Sorties
Dix sorties naturalistes ont été organisées, sans compter le troc de plantes, qui a lieu deux fois par an, et les sorties sur les claies de Vire animées par la FDAAPPMA. Les membres qui ont animé ces sorties sont (par ordre alphabétique) : Roselyne Coulomb, Yves Grall, Alain Livory, Alain Rongier et Philippe Scolan. Il est dommage que si peu de sorties soient proposées au grand public et que cette responsabilité retombe toujours sur les mêmes personnes.
Site Internet
C’est certainement le secteur qui a le plus progressé en 2018 grâce à l’activité et aux compétences conjuguées d’Alain Livory, de Philippe Scolan et de Jan Wikramaratna. Ce dernier surtout nous a fait profiter de son expérience en informatique. C’est ainsi que la photothèque s’est enrichie de quelque 200 photos. Le millier est maintenant dépassé. Mais ce sont surtout les cartographies de la faune qui ont pu être mises à jour et améliorées par le travail efficace de Jan. Tous les groupes publiés sont désormais actualisés et accompagnés de la liste de tous les observateurs, avec renvois sur la bibliographie et la photothèque. En 2019, nous allons pouvoir éditer de nouvelles cartes. Parallèlement, nous avons augmenté le nombre d’articles téléchargeables, désormais quatre ans (au lieu de cinq) après leur publication. Ces trois rubriques (articles, cartographies et photothèque) sont très appréciées des chercheurs et des naturalistes et elles contribuent à notre renommée. Elles permettent notamment des échanges avec des naturalistes de toute la France.
Conclusion
Au total, notre rayonnement dépasse certainement celui que l’on attendrait d’une association départementale. Nos travaux ont largement contribué à la dynamique naturaliste régionale, ils sont très souvent mentionnés dans les périodiques, même à l’étranger, et nos naturalistes participent parallèlement à de nombreuses recherches. Il faut reconnaître cependant que les temps sont difficiles : il y a peu de renouvellement parmi les auteurs, peu de jeunes naturalistes, les sorties n’attirent que peu de monde et, malgré la qualité reconnue de nos publications, les abonnements stagnent en raison de la concurrence d’Internet. Pourtant, nous avons la chance de vivre dans un département extrêmement riche et nous devons absolument continuer à l’étudier, à le faire connaître et à protéger ses richesses naturelles. À l’heure où la biodiversité s’effondre, l’étude de la nature est plus que jamais indissociable de la protection et c’est pourquoi une association comme la nôtre est indispensable.
Alain LIVORY
